Homme obsédé de jalousie (Fou ?) couple négociant ses rapports conjugaux (Au bord du lit), le désir, l’amour, le poids des conventions, circulent tout au long du moment judicieusement composé par Marie-Louise Bischofberger sur un choix de nouvelles de Guy de Maupassant.La clarté du style de Maupassant, son écriture au service d’instants de vie, teintés de noirceur, souvent cruels, durs, parfois ironiques, ressortent avec une acuité singulière dans cette atmosphère de café, la puissance et le secret des récits y trouvant un nouvel éclat.
Théâtre
Trois femmes, trois générations, trois caractères, la pièce de Catherine Anne entremêle ces destins pour mieux pointer les incontournables déterminismes sociaux et aussi les problèmes de précarité, l’isolement familial. Trois femmes (L’échappée) tisse les rapports entre ces trois destins. En scènes brèves, la comédie déroule l’évolution des liens qui se nouent, se transforment, installe un suspense sur un ton enlevé et allègre malgré le sérieux du sujet.
Conçu par Laurence Campet, Olivia Kryger et René Loyon, le récit conté sur scène s’attache à la seule année 1933, celle où Hitler arrive au pouvoir. Et pourtant, son parti n’a recueilli que 44 % des voix. Haffner retrace la vie quotidienne de ces années-là, quand peu à peu, insidieusement, s’installent la crédulité, la peur, la lâcheté, la délation, les disparitions et les persécutions contre les juifs
Au Vieux-Colombier, la réjouissante comédie de Marivaux est à nouveau à l’affiche. Jamais jouée par…
Après Je disparais, Tage Unter et Rien de moi, Stéphane Braunschweig a traduit (avec Astrid Schenka) et met en scène Nous pour un moment, passionnante et envoûtante pièce. D’une subtilité saisissante, sa scénographie se fond dans le texte dont l’écriture et la construction procèdent par glissements des relations, des personnages, des rôles, en totale complicité avec une œuvre qui « semble épouser la précarité et l’incertitude de nos vies ».
La comédie est une allégorie : mettant en scène des tisserands exécutant les modèles des dessinateurs, elle rend hommage aux comédiens interprétant les oeuvres des auteurs. Goldoni y fait vivre toute une petite société d’artisans : tisserands, calandreurs, dessinateurs, apprentis, marchands,,… où règne le savoir-faire, à l’égal de l’artisanat théâtral, où le travail de chacun s’appuie sur celui de tous. Clément Hervieu-Léger a choisi l’excellente et sensible traduction de Myriam Tanant et Jean-Claude Penchenat (1), qui est à l’origine de la création en France de la pièce avec le Théâtre du Campagnol en novembre 1990.
L’adresse, 21 rue des Sources, est celle où Philippe Minyana a passé son enfance, une grande maison de Franche-Comté qui abritait aussi une épicerie. La pièce évoque les aïeux et signe, en creux, le portrait de sa mère disparue. La simplicité de son écriture s’accorde au ton faussement décontracté du jeu des comédiens. Bridant la nostalgie, avec un regard d’entomologiste, de la distance et pas mal d’humour, il fait la part belle à tous les fantômes, ceux de la vie réelle et ceux du théâtre.
Parfaitement équilibré, le spectacle est subtilement dosé et rythmé, drôle, poétique, là un moment chanté, ici un sketch réapproprié, ou encore des extraits sonores de Radioscopie comme en contrepoint, et l’apparition d’une marionnette de clown blanc. Du chien qui parle (Mon chien, c’est quelqu’un) à l’oie qui oit (Ouï dire), à l’interprétation de La truite jouée sur des verres remplis de whisky, Antoine Sahler, pianiste et complice affûté, accompagne François Morel et lui donne la réplique.
Christiane Jatahy a rencontré des personnes vivant une odyssée quotidienne : acteurs en exil, réfugiés dans des pays tels que la Palestine, le Liban, la Grèce, l’Afrique du Sud. Ils témoignent de leurs vies d’exil qui résonnent avec les péripéties vécues par Ulysse : « Je m’appelle Odysseus ». Dans chaque pays, trois acteurs ont été filmés, deux Ulysse et une Pénélope. Fiction et travail documentaire s’entremêlent. On est à Jénine, et encore dans d’autres camps de réfugiés. Pour ces réfugiés, le présent est là, et il déborde.
A tout conte, il faut un narrateur, c’est Hathi l’éléphante qui entrouvre le rideau de scène, ses imposantes oreilles débordant d’une longue robe blanche, et entame l’histoire de l’enfant dans la jungle, comme Bob Wilson a choisi de la découper. Le metteur en scène américain ne s’attachant pas à une adaptation linéaire du livre de Kipling mais en proposant un choix de certains chapitres et épisodes marquants, déclinés en scènes jouées et en chansons et refrains répétés à dessein.