A partir de cinq grandes plaidoiries entrées dans les annales judiciaires, et reconstituées par le journaliste Matthieu Aron, Richard Berry et son metteur en scène Eric Théobald créent un matériau dramatique passionnant. Sur scène, deux pupitres. Une voix off annonce que l’audience va reprendre, on entend les brouhahas de l’assistance. Le comédien entre, enfile la robe d’avocat.
Théâtre
Ici, le grand inquisiteur n’est pas seul, mais se voit rejoint par des personnages politiques actuels ou du siècle dernier, et la quête de Dieu vire au grotesque.
Parce que « Iphigénie, c’est un monde à l’arrêt », le directeur de l’Odéon a vu dans la pièce de Racine, une résonance avec le moment actuel. Inspirée à Racine par l’Iphigénie à Aulis d’Euripide, on y voit le roi Agamemnon contraint par les dieux de sacrifier sa fille Iphigénie pour que les vents se lèvent et que la flotte grecque puisse prendre la mer et gagner Troie, son objectif.
Pour la deuxième année, les Zébrures d’automne sont installées à la caserne Marceau, scénographiée par Jérôme Marquet. Pendant les onze jours du festival, les portes sont ouvertes, le lieu est accessible à tous, publics ou simples curieux. Onze créations sont au programme, comme Congo Jazz Band, de Mohamed Kacimi mis en scène par Hassane Kassi Kouyaté.
Découpé en trois actes, le texte de Julie Timmerman déroule la saga de la United Fruit Company jusqu’à ces dernières années, après être devenue la Chiquita Brands International en 1989. I
Il y a de l’envoûtement dans cette expérience où poésie et théâtre sont intimement mêlés. La lueur de quelques bougies, les notes d’un piano, les sons imaginés par Sébastien Trouvé (une réalisation exceptionnelle), la composition musicale transportent là où se passe le roman, au plus près des personnages, font surgir des images. Toujours la primauté est donnée au texte, à la beauté des vers chuchotés par les comédiens, comme autant de secrets délivrés à soi seul.
En scènes courtes, Jean-Philippe Daguerre maintient le niveau de densité du récit tout au long de la pièce, et un intérêt croissant au fur et à mesure que le danger se resserre. L’angoisse se tend quand l’artisan invite à dîner son principal client, l’ambassadeur d’Allemagne, un proche d’Hitler. Le danger se rapproche pour Joseph Haffmann.
Légère, fine et suggestive, la mise en scène de Sylvie Blotnikas accompagne le récit sans effets, sans forcer le trait, laisse surgir les images, apparaître les personnages. Les lumières, la musique de César Franck accompagnent subtilement ce délicat moment, dernière création d’André Salzet, après Le joueur d’échecs et Madame Bovary. Co-signataire de l’adaptation de la nouvelle, il en est l’interprète, donnant à entendre le style clair, la précision d’écriture de Maupassant.
Les histoires de famille inspirent Julie Deliquet. Après Fanny et Alexandre, d’après le film de Bergman, la saison dernière à la Comédie-Française, elle adapte Un conte de Noël d’Arnaud Desplechin, interprété à la scène par sa troupe du collectif In Vitro, créé en 2009. Comme dans son très réussi Vania, le dispositif est bifrontal, les gradins cernant le salon de la demeure familiale où Junon et Abel s’apprêtent à accueillir leurs enfants pour les fêtes de Noël.
Jusqu’au 27 septembre, ce lieu éphémère, accueillera chaque jour, entre 18 h 30 et 19 h 30, du cabaret, de la musique, du théâtre, des performances, du stand-up et des lectures, des concerts, et même de la magie. Au fil des soirées, en cette fin d’été, une quarantaine d’artistes jongleront avec le rire et l’audace.