Ainsi l’intrigue multiplie les jeux de doubles : Célestin, organiste dans un couvent, écrit de la musique légère en cachette sous le nom de Floridor, la jeune couventine Denise de Flavigny rêve de jouer la comédie et se transforme en Mam’zelle Nitouche quand l’occasion se présente, tandis que le lieutenant des dragons Fernand est déguisé en vieil inspecteur…
Musique
Pour Stéphane Pouderoux qui s’était mis dans la peau de Bob Dylan dans Comme une pierre qui, cosigné avec Marie Rémond, le spectacle aurait pu s’appeler Chacun cherche son Serge. Et chacun le trouve : ici le provocateur, le subversif irréductible, le scandaleux, là le timide, le tendre, l’artiste complexé, blessé…
C’est à l’Opéra Comique que Manon a été créé, en 1884, et c’est là qu’est présentée la mise en scène d’Olivier Py, après Genève en 2016 et plus récemment, Bordeaux. Olivier Py a accentué sa mise en scène sur la prostitution et transformé l’auberge en maison de plaisirs, appuyant dès le début, la dimension érotique de Manon. La scénographie de Pierre-André Weitz dessine une boîte de cubes mobiles devenant tour à tour quartier, maison de rendez-vous, cabaret, église…
Très beau prélude au concert événement qui réunissait, au Conservatoire Darius Milhaud, en exclusivité mondiale, des artistes prestigieux autour de Renaud Capuçon : Gérard Caussé, Gautier Capuçon, Edgar Moreau, Nicolas Angelich, Guillaume Chilemme, Adrien La Marca, Raphaëlle Moreau dans l’exécution des quintettes à cordes n° 1 et 2 dont on attend avec impatience un enregistrement.
A la mise en scène, Michel Fau joue à fond la carte du kitch élégant, dès le premier acte qui voit les mariés et la noce sur un gâteau géant aux couleurs pistache et fraise. Au fil des tableaux, les décors se découvrent comme autant de pâtisseries aux couleurs saturées. Emmanuel Charles fait se succéder des toiles peintes jouant avec la profondeur et sur lesquelles s’inscrivent les éblouissants costumes de Christian Lacroix, inspirés de l’époque,
Après la réouverture avec Peau d’âne, Jean-Luc Choplin, directeur du Théâtre Marigny, a tenu à mettre cette œuvre emblématique du genre au programme. Les personnages de Damon Runyon sont d’une époque révolue : dans une Amérique où règne encore la prohibition, un groupe de parieurs et joueurs à la recherche de tripots clandestins pour échapper au policier, rencontre un groupe de missionnaires dévouées au salut des âmes.
Benjamin Lazar s’empare de ces Récits de la chambre obscure, ainsi qu’il les nomme, et tisse sur cette belle matière un spectacle baroque à sa manière qui redonne tout son éclat à l’écriture de Marguerite de Navarre, éclatante de rigueur, de classicisme et de poésie.
Le grand plateau de la Salle Renaud-Barrault est entièrement habité par l’esprit du poète. L’humaniste Prévert est là, comme l’anticléricaliste, et l’anarchiste n’est pas oublié. Jeux de mots, histoires de rien, bouts de vie dérisoires, tout se mêle dans ce spectacle fluide, riche, généreux et libre comme l’était celui qui l’a inspiré et qu’il fait rudement bon entendre aujourd’hui.
Pas une phrase, pas un mot qui ne soit chanté dans Chance, la comédie musicale de Hervé Devolder (Les Fiancés de Loches, Molière 2016 du théâtre musical). Créée en 2001, elle affiche plus de mille représentations au compteur et n’a pas perdu de sa fraicheur.
Derrière celui de Nina Simone, David Lescot dessine un autre portrait, celui de Ludmilla Dabo. Fin questionneur, Lescot s’adresse tantôt à la chanteuse, tantôt à la comédienne, tenant un fil qu’il ne lâche jamais et laissant transparaître, derrière la figure de la chanteuse et militante iconique, celle de la jeune comédienne.