Le menteur

Au Poche Montparnasse, la comédie de Molière brillamment mise en scène par Marion Bierry

Marion Bierry connaît bien le plateau du Poche pour y avoir signé de nombreuses mises en scène. Pour cette dernière, elle utilise à merveille le décor mobile et astucieux de Nicolas Sire, avec ses fenêtres en forme de cadres, ouvertes ou refermées opportunément. L’intimité de la scène accentue les caractères de chacun des personnages évoluant avec agilité et vivacité, parfois tels des marionnettes. Quel est-il ce menteur héros de la comédie écrite par Corneille en 1644 ? Un jeune provincial découvrant la capitale et ses promesses de plaisirs. « Paris vous change un homme », constate Cliton, le serviteur de Dorante. Arrivé de Poitiers la veille, celui-ci ne s’invente-t-il pas un nouveau visage pour séduire une jeune femme croisée aux Tuileries ? Et de raconter des exploits imaginaires sur des champs de bataille où il n’est jamais allé… Par un enchainement de quiproquos  -recette ancestrale et imparable qui fait toujours merveille-, le jeune hâbleur fait assaut de rodomontades, s’enferre dans les mensonges jusqu’à créer un imbroglio où se trouvent mêlés un ami, mais aussi son père et les deux jeunes femmes objets de son intérêt. Or, en ce qui concerne le jeu de dupes, celles-ci ne sont pas en reste, et la comédie les traite à égalité.

Le meilleur de la comédie

La metteure en scène s’autorise quelques libertés avec l’époque (un décalage d’un siècle), certains allègements du côté des personnages secondaires, et mêle des extraits de La suite du Menteur au début et à la fin du spectacle. Tout cela impulse une allègre légèreté dans le ton et le style de la comédie, enlevée et malicieuse, délicieusement rythmée et agrémentée d’airs de chansons (Revoir Paris) ou d’opérettes (la polka de La chauve-souris) joliment et justement interprétés. Les comédiens sont parfaits et tous au diapason : Alexandre Bierry, l’imposteur sûr de lui, Benjamin Boyer, malin Cliton (ou Thierry Lavat en alternance), Brice Hillairet, le naïf ahuri, Serge Noël, le père avisé, Anne-Sophie Nallino et Mathilde Riey, les deux fines mouches. Dans un jeu alerte et distancié ou appuyé, tendance farcesque, selon les moments, leur diction impeccable fait clairement résonner les alexandrins de l’auteur. Un joyeux moment de pur théâtre.

Le menteur   * * *

Théâtre de Poche Montparnasse, 75 bd du Montparnasse, Paris 6e Tél. 01 45 44 50 21. www.theatredepoche-montparnasse.com

(Photo Pascal Gely)

Théâtre de Poche Montparnasse, 75 bd du Montparnasse, Paris 6e Tél. 01 45 44 50 21. www.theatredepoche-montparnasse.com