Pour sa 30ème édition, le Festival international des jardins propose d’intéressantes visions du jardin idéal
Trente ans déjà que le Festival international des jardins voyait sa création, par Jean-Paul Pigeat, sous l’égide de Jack Lang. Pour marquer cet anniversaire, Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire et du Festival, a invité les concepteurs des jardins de l’édition 2022 à réfléchir à ce que pouvait être, en ces temps d’inquiétude pour la nature et le végétal, le jardin idéal. Utopie ? Potager nourricier ? Jardin écologique ? Pédagogique ? Les propositions sont arrivées du monde entier, portées par des paysagistes issus d’univers différents (architecture, botanique, végétal, design, décoration,…) Artiste invité, Inch Lim, venu de Malaisie, a créé The living batik, un monde de nuages, pour donner vie au motif du Mega Mendung entre plantes glissant sur l’eau et écran d’acier tissé. Autre « carte verte » du Festival, On se parle, de l’Américaine Kathryn Gustafson, un jardin où l’on peut s’asseoir pour admirer le paysage, où l’eau circule et où l’œil transforme une forme ovale en un cercle parfait (à expérimenter). Dans les prés du Goualoup, Jean Mus, fidèle à ses origines, a créé Le jardin méditerranéen, rencontre du minéral et du végétal.
Les jardins du concours, entre anamorphoses et illusions
C’est une fresque de la Villa Livia, à Rome qui a inspiré une équipe de concepteurs italiens : De la nature est la reproduction d’un jardin grandeur nature en une perspective déroulée sur trois plans. Tout à la fois une image mentale du jardin idéal et un décor de théâtre, et un parfait amalgame de la réalité et de la représentation picturale. Plus concret, Le banquet propose, à l’initiative de trois concepteurs français, une longue table entièrement plantée qui respecte les principes de la permaculture où les visiteurs peuvent goûter 125 variétés de plantes, feuilles, fleurs et fruits. La table est ici un lieu de découvertes de nouvelles saveurs, comme l’étonnante plante huître. Bleu 47° (la latitude de Chaumont) se veut le jardin de l’optimisme et met l’eau à la verticale, dans une multitude de carrés translucides composant un vitrail. Dans Le jardin de la réciprocité, création américaine, les miroirs érigés en totems réfléchissent le visiteur et lui donnent à réfléchir sur son interdépendance avec la nature. Entre la « Forêt de la symbiose », composée de plantes médicinales et sacrées, et le « Cercle de la réciprocité », l’homme se fond dans la nature. Jardin expérimental, Grenade entend alerter sur la raréfaction des ressources en eau et met en place un système de récupération millénaire: l’oya, jarre en terre cuite enterrée permettant des économies d’eau.
Le jardin dans la maison
Le thème du jardin idéal a sans conteste été une source d’inspiration porteuse : Eden, Le jardin des nymphes, Une graine d’espoir, Le Verger idéal, Le Jardin d’illusions,… en témoignent. La palme du concept revient à Paradoxe, une création venue d’Allemagne : un mur et quatre portes, chacune comportant un trou de serrure, par lequel on ne peut entrer, comme Alice, mais glisser le regard pour découvrir le jardin idéal… surprise ! Certains jardins donnent envie de s’y attarder, voire d’y rester : Le cocon végétal, de deux étudiants belges, dôme protecteur tendu de fils blancs d’où s’échappent des plantes grimpantes, et le très écologique Ma maison est un jardin avec ses pièces à vivre : la salle à manger, la chambre avec son lit gazonné, la salle de bain et sa baignoire champêtre,… Le Jardin de Thélème, avec son cloître métallique recouvert de feuillages entourant un carré de simples, lance une invitation : « Fais ce que voudras »… N’est-ce pas là l’idéal au jardin ?
. Jardin idéal, 30 ans d’utopie verte, Festival international des jardins, Domaine de Chaumont-sur-Loire, tél. 02 54 20 99 22. www.domaine-chaumont.fr Jusqu’au 6 novembre.
* Le Bois des Chambres, un hôtel d’arts et de nature réalisé dans le respect de la nature par l’Atelier Construire ouvrira ses portes dans le parc début juin .