La Périchole

A l’Opéra-Comique, la mise en scène de Valérie Lesort emballe l’opéra bouffe d’Offenbach

Plus de vingt après la mise en scène de Jérôme Savary, La Périchole est de retour à l’Opéra-Comique, pour le plus grand bonheur du public. Inspirée d’une œuvre de Prosper Mérimée, Le Carrosse du Saint-Sacrement, elle-même inspirée d’une histoire vraie, l’opérette, créée en 1868, est remaniée et la seconde version de 1874 rencontre le succès avec Hortense Schneider, la célèbre cantatrice de l’époque, dans le rôle-titre. Le livret de Meilhac et Halévy conte les aventures d’une chanteuse de rue et de son amoureux Piquillo. Affamée, la Périchole cède aux propositions du vice-roi de Lima et le suit dans son palais… S’ensuivent une série d’aventures rocambolesques et farcesques. Pour Valérie Lesort, l’œuvre est « à la fois joyeuse et réaliste : la misère, la violence, le désespoir, l’arbitraire s’y côtoient.» Il s’agit d’une satire politique où tout est suggéré et détourné sur une musique pétillante. Registre parfaitement assumé par la mise en scène qui joue pleinement la carte de la parodie et multiplie les moments cocasses et les visions surréalistes, à l’image de ces mules improbables s’invitant sur le plateau, de Don Andrès juché sur un hypothétique lama, de ces chiens savants (marionnettes de Carole Allemand) ou de ce prisonnier ressemblant au Comte de Monte-Cristo.

Les couleurs de Lima

Le spectacle fourmille de trouvailles drolatiques et tout est intimement lié dans la mise en scène foisonnante et inventive, la partie musicale gardant toute sa place, impeccablement assurée par l’Orchestre de chambre de Paris et le chœur Les éléments, dirigés avec une belle énergie par Julien Leroy. Dans les décors au cordeau de Audrey Vuong, les costumes de Vanessa Sannino font assaut de fantaisie, de couleurs et d’imagination, de l’inspiration péruvienne pour le chœur du peuple aux costumes surprises des gens de la cour (sortes d’habitacles géométriques à transformation). Et comme si Offenbach ne pouvait se voir sans danseuses à frou-frou, Valérie Lesort n’hésite pas à faire le grand écart entre le Pérou et un french cancan relooké… Stéphanie d’Oustrac est une Périchole très séduisante au timbre assuré, titubant avec grâce dans Je suis grise, régalant des airs connus O mon cher amant, je te jureJe t’adore… ou le célèbre Il grandira, car il est espagnol ! Chanteurs (le ténor Philippe Talbot, Piquillo, Tassis Christoyannis, Don Andrès,…) et danseurs (chorégraphie de Yohann Têté) font tous le show sur un rythme enlevé et joyeux. Une soirée pétillante et pleine d’esprit.

La Périchole                                      * * *

Opéra-Comique, 1 place Boieldieu, Paris 2e. Tél. 01 70 23 01 31.  www.opera-comique.com Jusqu’au 25 mai.

(Photo Stefan Brion)