Diari d’amore

A l’Athénée, fin de tournée pour la première mise en scène de théâtre de Nanni Moretti

C’est une première pour le célèbre cinéaste italien Nanni Moretti : la mise en scène de théâtre. Pour ses débuts, il a choisi deux courtes pièces de Natalia Ginzburg (1916-1991) : Dialogo et Fragola e panna, deux histoires de couple qui paraissent aujourd’hui singulièrement datées et qui, manquant d’un regard incisif, ne suscitent guère d’intérêt. Dans la première, écrite en 1970, tout se passe dans un lit, au petit matin. L’intimité ici n’est pas à l’amour ni à la tendresse partagée La femme se prépare à annoncer à son mari qu’elle va le quitter, tandis que celui-ci ne cesse de lui faire des reproches. Amertume, ressentiment, les personnages pourraient être comiques s’ils n’étaient aussi médiocres, englués dans un quotidien morne. Cela pourrait être acerbe, corrosif ou encore humoristique, mais non, on reste dans le simple constat d’une situation et nulle vision n’introduit de relief dans le texte.

Petit théâtre bourgeois

Après une courte pause, le temps de changer de décor, place à Fraise et crème (1966). Encore un décor bourgeois, l’entrée d’une demeure confortable, avec deux canapés imposants. Par temps de neige, débarque une jeune femme, valise à la main, demandant de l’aide après avoir quitté un mari violent. La femme qui l’accueillie est l’épouse de l’homme avec qui elle a entamé une liaison. Celle-ci refuse de l’héberger et la renvoie vers un avenir inquiétant. Une fois de retour, le mari ne s’embarrassera guère du sort de sa maitresse. Le portrait des personnages est dessiné froidement et la direction des comédiens bien assurée mais malgré l’interprétation très juste de Valerio Binasco, Alessia Giuliani, Daria Deflorian (épatante domestique), Arianna Pozzoli, Giorgia Senesi, la représentation manque d’éclat, de ressort, faute d’un regard acéré, incisif ou narquois. Ne reste qu’une photographie sans relief de scènes bourgeoises d’un autre temps.

Diari d’amore   *

Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 2-4, square de l’Opéra Louis-Jouvet, Paris 9e. Tél. 01 53 05 19 19. www.athenee.theatre.com Jusqu’au 16 juin. Spectacle surtitré en français.

(photo Luigi De Palma)