L’amant

Au Théâtre de l’Atelier, Ludovic Lagarde met en scène la célèbre pièce de Pinter sur les rapports de couple

Après La collection, il y a quatre ans, Ludovic Lagarde met en scène L’amant, autre pièce du dramaturge britannique Harold Pinter, conçue au départ comme un scénario de film avant d’être adaptée pour la scène. D’où une écriture elliptique, une précision des dialogues et des actions de ce « théâtre de la menace » pintérien, dans une nouvelle traduction d’Olivier Cadiot. Un intérieur chic et bourgeois, comme le couple qui l’habite. Avant de partir à son travail, le mari lance à sa femme, sur un ton neutre : « Ton amant vient aujourd’hui ? » On imagine aisément l’effet produit par l’attaque de la pièce lors de sa création en France par Claude Régy. C’était en 1965. L’effet est toujours là, solidement tenu par Laurent Poitrenaux face à une Valérie Dashwood majestueuse et lisse. On verra plus tard ce qu’il en est de cet amant et de la vie intime du couple.

Un faux trio

La scénographie d’Antoine Vasseur reprend des éléments de décor de La Collection, présentée en seconde partie de soirée, où l’on retrouve l’escalier tournant et sa montée vers de possibles vertiges, et les subtiles lumières de Sébastien Michaud témoins de secrets d’alcôves. Le mari, la femme et l’amant : le trio boulevardier est revisité par Pinter avec une acuité railleuse. Dans cet intérieur où règne le vide, le couple joue avec les apparences, se coule dans des rôles stéréotypés. Mais la mécanique du jeu est grippée. Et quid de l’irruption de ce jeune laitier séduisant ? L’auteur ouvre une piste, sans vraiment la refermer, histoire de jouer avec les fantasmes, de dérouler des spirales, tout en laissant les zones d’ombre inexplorées, maintenues dans un mystère opaque. Les vertiges esquissés et suggérés restent ici en suspens dans une représentation un peu sage malgré les interprétations de Valérie Dashwood et Laurent Poitrenaux.

L’amant      * *

Théâtre de l’Atelier, Place Charles-Dullin, Paris 18e. Tél. 01 46 06 49 24. www.theatre-atelier.com Jusqu’au 25 juin.

(Photo Pascal Gély)