Une histoire d’amour

A la Scala-Paris, la dernière création très attendue d’Alexis Michalik déçoit les attentes

Son nom est synonyme de succès : Alexis Michalik, 37 ans et quatre Molières à son actif, comme auteur et metteur en scène, avec seulement quatre pièces (Le porteur d’histoire, Le cercle des illusionnistes, Intramuros, Edmond, adapté par lui-même ensuite au cinéma). Délaissant la veine des pièces à tiroirs de ses débuts comme Le porteur d’histoire qui, depuis sa création en 2011, n’en finit pas d’être jouée dans le monde entier, sa nouvelle pièce est d’un registre plus intime. C’est une histoire d’aujourd’hui entre deux jeunes femmes amoureuses, Katia et Justine, désireuses d’avoir un enfant. Mais l’idylle s’interrompt quand Justine disparaît mystérieusement, laissant Katia seule avec son enfant, une fille. Des années plus tard, atteinte d’une maladie mortelle, elle doit alors trouver un tuteur pour s’occuper de Jeanne. La seule personne à qui elle peut s’adresser est son frère, écrivain cynique et dépressif.

Les ficelles du mélodrame

Tous les ingrédients sont réunis pour composer un mélodrame mais l’on a du mal à être ému par cette histoire d’amour, certes, mais servie dans un esprit de sitcom, truffée de clichés, de l’hérédité familiale au cancer, qui abuse de la corde sensible et accumule les facilités. L’auteur ne retrouve pas ici la verve créatrice qui a fait ses succès. Certes, la manière, l’écriture et la forme font preuve d’efficacité, comme l’habileté scénique, les scènes, brèves, les changements de lieu s’enchaînent sans temps mort, la forme est elliptique, nerveuse, le sens de la répartie est vif. Mais si Alexis Michalik  (qui joue l’écrivain) voulait « faire rire et pleurer », il n’y réussit pas vraiment. Comme s’il ne voulait pas approfondir l’histoire d’amour, il ne donne pas suffisamment d’épaisseur à ses personnages, juste esquissés à traits vifs, et effleure les sentiments comme s’il s’agissait d’un roman-photo. Les comédiennes Juliette Delacroix et Marie-Camille Soyer défendent leurs personnages avec conviction et la jeune interprète de Jeanne (Lior Chabbat, Violette Guillon et Amélia Lacquemant en alternance), formidable, touche par sa sincérité. Et pourtant…, comme dit la chanson.

Une histoire d’amour                   *

La Scala-Paris, 13 bd de Strasbourg, Paris 10e. Tél ; 01 40 03 44 30. www.lascala-paris.com Jusqu’au 28 mars.

(Photo François Fonty)