Sur les ossements des morts

A l’Odéon, l’adaptation démonstrative par Simon McBurney du roman d’Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature 

Que signifie vivre en harmonie avec l’univers ? La question est sérieusement d’actualité et taraude Simon McBurney, inquiet des conséquences périlleuses de la perte de notre lien avec le monde naturel. C’est ainsi qu’après avoir découvert le livre  d’Olga Tokarczuk (prix Nobel de littérature en 2018), il lui a paru impératif de l’adapter au théâtre pour en amplifier la portée et relayer les propos de son héroïne, Janina Doucheyko. Ingénieure à la retraite, Janina vit dans un petit village perdu dans la montagne au sud de la Pologne. En dehors de ses promenades dans la nature, elle passe son temps à traduire le poète William Blake (d’où est extrait le titre de la pièce) et à calculer les horoscopes de son entourage, quand elle ne part pas en guerre contre les ravages causés à la nature par les chasseurs. La découverte du cadavre de son voisin, un os de biche planté dans la gorge, va aiguiser sa curiosité, et encore plus quand d’autres disparitions suivent. Les animaux se vengeraient-ils des hommes ?

Une fable écologique

La mise en scène de Simon McBurney et son Théâtre de Complicité plonge la scène dans une nature touffue, hostile, (scénographie de Rae Smith) autour de Janina, interprétée par Amanda Hadingue avec une énergie de chaque instant. Car la comédienne ne quitte jamais le plateau, debout derrière son micro, sans lâcher le fil de l’enquête policière et du récit. Autour d’elle, dans un ballet animé, les comédiens interprètent tous les personnages, animaux compris. Et les images vidéo de Dick Straker parachèvent les tableaux. Ludique, humoristique, mais surtout inquiétant et alarmant, étouffant, profondément écologique et féministe, un spectacle en forme d’alerte très maitrisé.

Sur les ossements des morts                    * *

Théâtre de l’Odéon, 2 rue Corneille, Paris 6. Tél. 01 44 85 40 40. www.theatre-odeon.eu Jusqu’au 18 juin.

(photo Marc Brenner)