Rabbit Hole

Créée par Claudia Stavisky au Théâtre des Célestins à Lyon, la pièce de David Lindsay-Abaire est à l’affiche des Bouffes Parisiens. Avec Julie Gayet de retour sur les planches.

Chronique de la vie quotidienne d’une famille américaine quand le deuil a frappé. Dans la maison de Becky et Howard, une chambre demeure vide : celle de leur fils de trois ans, Danny, mort quelques mois auparavant, renversé par une voiture. Le couple est dans « l’après », aspiré dans un «trou noir » dans lequel il s’enfonce. Comment faire face à la douleur, accepter l’absence ? Comment reprendre pied dans la vie ? Tout jeter, vendre la maison ? Au lieu de souder le couple, le chagrin renvoie chacun à son isolement dans la douleur, à l’absence, au manque. Un écart se creuse. Et l’entourage, la sœur, la mère de Becky, accumulent les maladresses. Sur le thème du deuil intime, du regard des autres, la pièce de l’Américain David Lindsay-Abaire (récompensée par le prix Pulitzer Théâtre en 2007), quoique d’une certaine pertinence, apparaît démonstrative, lisse et plutôt convenue. L’adaptation de Marc Lesage (1) en garde le contexte, celui d’un milieu américain bon teint, où l’on doit toujours être positif, aller de l’avant, ne pas avoir d’états d’âme.

Une interprétation sensible

La mise en scène de Claudia Stavisky joue avec l’architecture du décor à la fois réaliste –une maison au confort moderne- et chargé de symboles (Alexandre de Dardel) avec les projections d’images vidéo sur les murs de la maison rappelant la présence de l’enfant (Asa Mader). Peu à peu, la maison se vide, les murs se libèrent… pour revivre ? Cette déconstruction du décor va de pair avec l’évolution des personnages, tous sobrement et justement interprétés. La distribution réunie maitrise avec sensibilité l’émotion, à commencer par Patrick Catalifo, en homme au bord de l’effondrement, et Julie Gayet, lumineuse, tenant le pathos à distance sur le chemin de la résilience. Une interprétation juste et convaincante, comme celles de Lolita Chammah, Christiane Cohendy et Renan Prévot.

(1) L’avant-scène théâtre, n° 1428.

Rabbit Hole                   * *

Bouffes parisiens, 4 rue Monsigny, Paris 2e Tél. 01 42 96 92 42. www.bouffesparisiens.com Jusqu’au 31 mars.