Quand fleurir est un art

Au Domaine de Chaumont-sur-Loire, la quatrième édition de la manifestation d’art floral occupe le château jusqu’au 11 octobre

Centre culturel de rencontre, Centre d’Arts et de Nature depuis 2008, le Domaine de Chaumont-sur-Loire est assurément un lieu à part avec sa triple identité, patrimoniale, artistique et jardinistique. Les événements s’y succèdent. Alors que le Festival international des jardins est encore ouvert (Jardin idéal jusqu’au 6 novembre) et que la Saison d’art se poursuit (jusqu’au 30 octobre), le Château accueille la 4ème édition de Quand fleurir est un art, un événement de l’art floral comme il n’en existe pas d’autre en France au cœur d’un domaine patrimonial. Pour les fleuristes retenus, il s’agit d’un réel défi : en deux jours seulement, ils doivent réaliser un décor original dans la pièce du château qui leur est attribuée. En deux jours, la pièce est métamorphosée, et l’esprit du lieu respecté. Ces véritables artistes, venus d’horizons différents, allient leur savoir-faire et la maitrise de leur art, au service de leur imagination.

La salle de billard

Mais où est passé le billard ? Dans la salle qui lui est destinée, il a disparu. A sa place, un grand « meuble » entièrement recouvert d’un jaune étincelant : pas moins de quinze kilos d’immortelles venues d’Italie et soigneusement collées sur un tissu. L’effet est garanti en ces jours d’automne. Des fleurs légères grimpent sur le lustre : graminées, craspedia, chrysanthèmes… C’est Charline Pritscaloff, Meilleur ouvrier de France et fleuriste orléanaise (elle va bientôt concourir pour un championnat du monde), qui a eu l’idée de cette étonnante transformation. Autre femme présente cette année, Clarisse Béraud plonge la Salle du Conseil dans un univers poétique et onirique. Sur le sol, au centre de la pièce ornée des huit tapisseries de la Tenture des Planètes et des Jours, est disposé un creux de chemin aérien et secret composé de fleurs légères en demi-ton : gypsophiles, fougères, chrysanthèmes… Sans aucun doute la décoration la plus personnelle et la plus sensible de cette édition. A Frédéric Dupré, MOF (de la même promotion que Charline Pritscaloff) est revenue la transformation de la Salle à manger. Le fleuriste, très attentif à son environnement, met un point d’honneur à n’utiliser que des végétaux issus de son jardin (hormis, pour cette réalisation, les ananas et les grenades). Une abondance d’éléments compose un centre de table unique (avec des bougeoirs prêtés par le prince de Monaco). Une grande beauté.

L’école nationale des fleuristes de Paris

Dans la chambre de Catherine de Médicis, dans une harmonie de couleurs avec les tentures, des lignes montantes fleuries expriment la force de la reine, d’autres, horizontales, son sentiment protecteur envers ses enfants et son désir de faire régner la paix. Six cents fleurs au total, d’une trentaine de variétés différentes, composent les différents éléments. De son côté, l’Italien Rudy Casati a transformé, avec des « choses qui n’existent pas », le salon de la princesse de Broglie en « salon de la princesse du métavers » : une harmonie de couleurs entre le mobilier, l’architecture de la pièce et les feuilles de lotus démesurées, les grappes de marrons… L’Ecole nationale des fleuristes de Paris participe aussi à l’événement. Sous la direction de leur professeur, ses élèves ont fait des écuries un étonnant retour de moisson, avec des mouvements rotatifs, des rouleaux de paille ornés de genêts, dahlias jaunes, orchidées…

Quand fleurir est un art                  

Domaine de Chaumont-sur-Loire, tél. 02 54 20 99 22. www.domaine-chaumont.fr  Jusqu’au 11 octobre. Accès libre avec un billet d’entrée au Domaine. Ce week-end, des démonstrations d’art floral et des ateliers sont proposés par Frédéric Dupré et Charline Pritscaloff.

. Situé à deux pas du château, l’hôtel Le Bois des Chambres, né du sauvetage d’une ancien corps de ferme appartenant au Domaine, est désormais ouvert.

(photo Eric Sander)