Un spectacle musical conçu et interprété par Béatrice Agenin et Emilie Bouchereau à découvrir au Lucernaire
On la connaissait comédienne (elle est passée par la Comédie-Française), interprète de grands rôles, et metteure en scène, on la découvre aujourd’hui chanteuse. Et c’est une bonne surprise. Sur la scène de ce petit cabaret, dans la salle Paradis du Lucernaire, elle n’est pas seule, elle est au côté d’Emilie Bouchereau, sa fille. Un partage harmonieux et tendre du plateau, un équilibre entre les répertoires, classique et tendance rock, ou rap. Pas de faire-valoir mais de l’ironie, de la tendresse complice entre les deux femmes, et de l’humour : quand l’une chante Fever, l’autre passe à l’arrière, brandissant un carton avec la traduction ! A Béatrice Agenin, la poésie de Rimbaud ou de Verlaine, mais glissée entre un Déshabillez-moi version comique et le Tango stupéfiant de Marie Dubas ou encore La chose, ou un bout d’essai pour le rôle de Phèdre avec un metteur en scène tyrannique. Emilie Bouchereau, alias Mihlo, elle, attaque à la guitare des morceaux de sa composition et autres standards anglais d’un répertoire récent.
Humour et tendresse
Le dosage est parfaitement équilibré entre humour et émotion, dans un bon rythme. A chacune des interprètes sa personnalité, son style, son registre. En duo, elles offrent de jolis moments de théâtre (une scène de Roméo et Juliette dans un décor de carton découpé échappé d’une valise) ou de magie, issus de leurs souvenirs d’enfance. Dans cet enchaînement de scènes soigneusement agencées, il en est un où l’actrice brille particulièrement : un passage d’A la recherche du temps perdu, dans une diction aux inflexions impeccables. Et puis encore, cette lettre de Colette à sa fille, qu’elle fait sienne. Dis, quand reviendras-tu ? est interprétée par Emilie Bouchereau avec une belle sensibilité, comme La tendresse, chantée en duo. Les deux artistes sont accompagnées par Quentin Morant, ou Johan Barnoin, au piano, et Benjamin Corbeil à la batterie en totale complicité. Scénographié par Catherine Bluwal, avec des lumières de Laurent Béal, ce petit cabaret intime dégage un éventail de sensations.
Notre petit cabaret * *
Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e. Tél. 01 45 44 57 34. www.lucernaire.fr Jusqu’au 21 janvier 2024.
(photo Cédric Vasnier)