Louise

 

Au Théâtre du Rond-Point, le dernier spectacle de Martin Zimmermann

Au début, tout est noir, à l’instar de ces personnages mystérieux accueillant le public avec un câlin. Le plateau aussi est tendu de noir, bientôt dégagé pour laisser place à un décor à géométrie variable, avec escabeau, chaises, échelle et autres accessoires complices et partenaires de jeu des quatre interprètes de Louise. Quelle est-elle, cette Louise qui donne son nom au spectacle ? L’artiste Louise Bourgeois, avec laquelle le metteur en scène venu du cirque a improvisé un dialogue et laissé libre cours à son imagination. Plus tard, d’autres Louise s’inviteront sur la scène, portées par les quatre co-créatrices et interprètes : Louise Michel, Louise Brooks, Louise Labé… Quatre femmes donc, toutes Louise, excentriques, sorcières, fragiles ou terrifiantes. Jeux de chaises, équilibres improbables, escalier glissant, sol tournant sous les pieds, les quatre artistes sur scène se jouent de tous les écueils, surmontent les chutes et les chaos, se relèvent toujours.

L’art poétique des corps

Inspiré par les corps des quatre personnalités sur scène, danseuse, chorégraphe, acrobate, magicienne, Martin Zimmermann, resté en coulisse, signe une création originale et singulière où s’invite la poésie. Parfois déroutant, le spectacle mêle les époques, des cabarets berlinois à celle des groupes de rock féminin, alterne l’humour et le rire grinçant, la drôlerie et la férocité. Il est porté par l’énergie des interprètes et des moments forts, comme l’image de ces cinq Louise aux cheveux gris entourées de miroirs, ou d’étonnants numéros de cerceaux. Pour Martin Zimmermann, le théâtre « doit être un kaléidoscope, riche en nuance, en ambigüités et en perspectives mouvantes ». Démonstration en est belle et bien faite grâce à ses formidables interprètes : Bérengère Bodin, Marianna De Sanctis, virtuose du hula-hoop, Rosalba Torres Guerrero, Methinee Wongtrakoon.

Louise   * *

Théâtre du Rond-Point, 2 bis av. Franklin D. Roosevelt, Paris 8e. Tél. 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr Jusqu’au 24 mai.

 

(photo Basil Stücheli)