Frédéric Ferrer présente la Cartographie 7 de son Atlas de l’anthropocène, à égalité entre savoir et humour
Attention, il y a un lapin ! Et même beaucoup de lapins au rendez-vous que donne Frédéric Ferrer dans la salle Jean Tardieu du Théâtre du Rond-Point, et qui n’est pas… un lapin. Depuis 2010, l’auteur, acteur, metteur en scène et géographe a commencé à dresser un Atlas de l’anthropocène, cycle artistique de cartographies théâtrales du monde, entre conférence et performance, où il traite de territoires inattendus. Après A la recherche des canards perdus, Les Vikings et les Satellites, Les Déterritorialisations du vecteur, Pôle Nord, Wow, De la morue, voici le septième chapitre, Le Problème lapin. Problème à mettre au pluriel, si l’on en croit Frédéric Ferrer, qui nous alerte : il y a urgence ! Car sous ses dehors pacifistes, le lapin serait un véritable danger pour le devenir du vivant. Comment faire ?Appliquant sa méthode habituelle, c’est après un travail de terrain s’appuyant sur des recherches documentaires que l’animateur de la compagnie Vertical Détour élabore son spectacle. En trente questions (sur les cent cinquante imaginées), assisté d’Hélène Schwartz, il va fouiller les multiples terriers des problèmes engendrés par la présence et la reproduction des lapins, fussent-ils en peluche.
Instructif et drôle
Avec le sérieux imperturbable de conférenciers, les deux intervenants analysent le comportement de l’oryctolagus cuniculus, nom savant du lapin de garenne, apparu il y a six millions d’années, et vont en révéler les spécificités, particularités, bienfaits et… dangers pour la planète. Chacun, debout derrière son pupitre, se lance à la poursuite de l’animal, jamais là où on l’attend, appréhende les différentes problématiques lapinistiques, et elles sont complexes. D’autant que Frédéric Ferrer et Hélène Schwartz, maîtres ès humour second degré, brouillent les pistes et procèdent par zigzags, d’un grand mathématicien italien inventeur d’une suite à un éleveur bactériologiste français soupçonné d’être un serial killer de lapins. Instructif sur le fond, le spectacle est surtout pétri d’esprit et de malice, le sérieux le disputant à l’ironie, les faits scientifiques se mêlant à des anecdotes drolatiques. Alors, la fin du lapin serait-elle pour demain ? L’affaire est à suivre, heureusement Frédéric Ferrer et sa disciple sont là.
Le problème lapin * * *
Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8e. Tél. 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr Jusqu’au 27 janvier. Tournée : Vandoeuvre-lès-Nancy, 7 et 8 février, Maubeuge, 19 avril, Le Mans, 16 mai.
. A voir au Théâtre de l’Atelier, du 23 avril au 19 juin, Les Conférences décalées de Frédéric Ferrer et, au Festival Les AnthropoScènes 2024, en mai au Tangram, à Evreux, les Cartographies 1, 2, 4 et 6.
(photo Vincent Beaume)