Le jeune auteur Nicolas Doutey livre un texte sur une vision utopique de la politique, avec six comédiens épatants
Le héros de Nicolas Doutey s’appelle Paul. Quand il accueille son ami Pierre, qu’il attendait, il ne peut s’empêcher d’analyser les circonstances de son arrivée et de leur rencontre. La situation, familière et anecdotique, se complexifie quand se présente une jeune femme, So, ordinateur en main, qui a elle-même rendez-vous avec une certaine Matt, sa supérieure hiérarchique, intéressée par la personnalité de Paul, et qui se serait perdue en chemin… Matt est une femme politique. Et Paul se révèle être l’objet de l’attention de certains « services », voire d’une surveillance. Un complot expliquerait tout ? A partir de là, le texte de Doutey s’enfonce dans l’abstraction et un doux délire. Dans quel univers sommes-nous ? Mieux vaut ne pas lâcher les différentes étapes du parcours, au risque d’être totalement largué. Mais peu importe, bienvenue au royaume de l’absurde.
Une réunion sur la simplicité
La scénographie de Jacques Gabel ouvre sur l’horizon d’un ciel bleu où ne flottent que de légers nuages. On est à la fois dans le réel et dans une utopie politique séduisante. Exemple : pourquoi ne pas faire une réunion sur la simplicité même si, à l’arrivée, elle s’avère n’avoir aucun sens ? L’humour n’est pas direct ni percutant, il s’infiltre, prend des circuits souterrains, et relègue les menaces au second plan. A chaque personnage, six au total, sa fonction précise, connue de lui seul. Au royaume de l’absurde, Nicolas Doutey prend ses aises. Et avec lui les comédiens dirigés par Alain Françon. Avec un ton neutre, sans se départir du sérieux qui convient, jamais graves, les interprètes portent la pertinence de ces dialogues au temps présent. En la matière, Rodolphe Congé, Pierre-Félix Gravière, Pauline Belle, Dominique Valadié, Louis Albertosi et Claire Wauthion sont de réels orfèvres.
Le moment psychologique * *
La Scala, 13 bd de Strasbourg, Paris 10e. Tél. 01 40 03 44 30. www.lascala-paris.fr Jusqu’au 11 février.
(photo Christophe Raynaud de Lage)