Mise en scène par Anne Bouvier, la pièce d’Antoine Beauquier égratigne les liens entre la presse et la politique
L’auteur connaît bien le sujet, et pour cause, il côtoie depuis plus de vingt ans les mondes de la politique et de la presse. Sa pièce nous y entraine de plain-pied et l’on peut déjà saluer sa peinture des personnages, attendus certes mais parfaitement cernés. Et bien sûr, tout ici relève de la fiction… Alors qu’il s’apprête à publier des informations compromettantes sur un ministre, le directeur d’un journal d’investigation reçoit un appel urgent : sa fille vient d’être arrêtée, et incarcérée pour trafic de drogue à Jakarta. Comment la faire sortir de prison ? Renoncer à publier l’article et demander de l’aide à l’Etat ? Jusqu’où ira Edmond, le directeur du journal, pour retrouver sa fille ? Et le texte de plonger dans les dessous des arrangements, avec au passage une rhétorique de la corruption.
Des relations particulières
Bien menée, avec des dialogues vifs et incisifs, l’histoire répond aux codes du genre et prend rapidement le rythme d’un thriller. «Toutes (nos) actions ne méritent pas la lumière », cela vaut pour les deux milieux, presse et politique, de là des relations particulières, qu’il n’est pas toujours bon de dévoiler. Dans un décor fonctionnel, la mise en scène d’Anne Bouvier est vive, le jeu nerveux, en phase avec l’efficacité du style. Au passage, les répliques égratignent les journalistes, « aussi obéissants que les cheminots,… » Chacun, politique retors ou homme de presse affûté, joue sa partie avec une belle conviction et un naturel confondant : Bruno Putzulu, le directeur de journal et père inquiet, Bruno Debrandt, le reporter un brin caricatural, Bernard Malaka, ministre cynique, particulièrement onctueux et savoureux, Olivier Claverie et Carolina Jurczak. Les coulisses du pouvoir comme si on y était.
Le Journal * *
Théâtre de Paris, Salle Réjane, 15 rue Blanche, Paris 9e. Tél. 01 86 47 72 49 www.theatredeparis.com
(photo Béatrice Livet)