A l’Athénée, Marie Fortuit dans le sillage de la grande Anne Sylvestre
Des chaises, un harmonium, une guitare, deux micros, il n’en faut pas plus à Marie Fortuit pour mettre ses pas dans ceux d’Anne Sylvestre et porter à son tour le flambeau de la vérité et du féminisme. Pour mettre dans l’ambiance de l’époque, pas si lointaine, on entend le son d’une radio, avec la voix de Michèle Bernard rendant hommage à la chanteuse après sa disparition, en novembre 2020. Le spectacle de Marie Fortuit, au titre inspiré de Dans la vie en vrai, composée en 1981, a été créé en juin dernier aux Plateaux Sauvages à Paris, avant d’être joué au festival off d’Avignon en juillet. Les Fabulettes destinées aux enfants sont mises de côté, la jeune femme se concentre sur le répertoire si singulier de l’auteure entamé dès les années 60. Tout d’abord, on assiste à un jeu de questions-réponses : « Bonjour Marie Fortuit… Bonjour Lucie Sansen… » A partir des nombreuses questions qui lui furent posées tout au long de sa carrière, les deux complices composent une fausse interview de la chanteuse. Parfois ici, point de réponse, mais en retour, une autre question de Lucie à Marie, et ainsi de suite entre les deux femmes, comme un échange de balles rapides, incisives, drôles, agressives.
Même combat
Marie Fortuit intercale ses textes personnels, interprète quelques grands classiques : Maryvonne, Mon mari est parti, Lazare et Cécile, Une sorcière comme les autres,… sa voix rappelant le timbre de la chanteuse. D’autres textes moins connus, ou oubliés, trouvent un écho actuel comme Petit bonhomme, sur la gent masculine, Douce maison, sur le viol, écrits dans les années 70, par celle qui disait «écrire pour ne pas mourir ». Encore incisifs, on y retrouve la colère, l’humour, l’engagement et la vérité de la compositrice. Le spectacle, bien rythmé, entremêle les chansons, les confidences personnelles et les extraits d’interviews, illustre, à travers les années, un beau compagnonnage entre les deux femmes, la chanteuse et la femme de théâtre, sans oublier Lucie Sansen, au clavier et à l’harmonium, qui signe les arrangements dans une sensible fidélité à l’auteure. Et quand les deux jeunes artistes entonnent Les gens qui doutent, on se dit que la transmission est assurée.
La vie en vrai (avec Anne Sylvestre) * *
Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 2-4 square de l’Opéra Louis-Jouvet, Paris 9e. Tél. 01 53 05 19 19. www.athenee-theatre.com Du 25 avril au 5 mai.