Au Lucernaire, Sylvie Blotnikas met en scène la nouvelle de Maupassant, co-adaptée avec André Salzet
Hiver 1870. A Rouen, fuyant l’occupation de l’armée prussienne, un petit groupe de dix personnes se presse pour prendre la diligence qui les conduira loin de la ville. Il y a là des notables, des commerçants, des gens ordinaires ou des bourgeois et aussi des religieuses, sans compter un révolutionnaire et une prostituée. Comme un échantillonnage de la société française de l’époque (ou d‘aujourd’hui). La route est difficile, enneigée, le voyage s’avère plus aventureux et long que prévu. La faim commence à se faire sentir. Hormis Boule de suif, personne n’a pensé à prendre de provisions. La femme, dédaignée par ses compagnons de voyage, propose de partager son panier de victuailles. La nuit venue, tous sont soulagés de faire halte dans une auberge…
Légère, fine et suggestive, la mise en scène de Sylvie Blotnikas accompagne le récit sans effets, sans forcer le trait, laisse surgir les images, apparaître les personnages. Les lumières, la musique de César Franck accompagnent subtilement ce délicat moment, dernière création d’André Salzet, après Le joueur d’échecs et Madame Bovary. Co-signataire de l’adaptation de la nouvelle, il en est l’interprète, donnant à entendre le style clair, la précision d’écriture de Maupassant. Dommage qu’un excès de maniérisme vienne encombrer l’évocation, en surchargeant certains portraits de personnages, à l’encontre de l’efficacité du style sobre et concis de la nouvelle. Mais l’atmosphère est là.
Boule de suif *
Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e. Tél 01 45 44 57 34. www.lucernaire.fr Jusqu’au 18 octobre.
(Photo Michel Paret)