Les Sœurs Hilton

La dernière création de Christian Hecq et Valérie Lesort s’inspire de l’histoire des célèbres sœurs siamoises

Le rouge est mis. On est dans le monde du cirque, celui du siècle dernier. Deux M. Loyal se présentent, mais c’est un frétillant petit chien qui leur vole la vedette et annonce, à sa façon désopilante, le spectacle ! Après cette malicieuse entrée en matière, les pleins feux sont mis sur la dernière création du duo vedette Valérie Lesort et Christian Hecq, auteurs de grands succès comme 20 000 lieues sous les mers, Le voyage de Gulliver, La Mouche, Le Domino noir,… La suite sera moins légère, qui va conter l’histoire des sœurs Hilton (1908-1969), sœurs siamoises devenues vedettes de cirque. Nées au Royaume-Uni, aussitôt abandonnées par leur mère, elles sont adoptées par la sage-femme qui les a mis au monde. Ainsi démarre l’histoire de Daisy et Violet, ne pouvant être séparées car rattachées par le bas de leur colonne vertébrale. A trois ans déjà, elles sont exposées comme des phénomènes de foire, exploitées par leur mère adoptive, puis par d’autres. Le texte écrit par Valérie Lesort déroule les étapes les plus marquantes de leur existence : la rencontre avec Houdini, le roi de l’évasion, le voyage à Broadway, la découverte de l’amour et ses complications, le tournage de Freaks, La monstrueuse parade, de Tod Browning, en 1932, puis le déclin, la misère.

Sans émotion

Le spectacle associe l’évocation du cirque d’alors, avec des numéros (magie avec Yann Frisch, lancer de couteaux,…) au son de la musique jouée par Renaud Crols dans une ambiance bastringue, et le music-hall, avec chansons et pas de danse. Mais à ne pas davantage approfondir le thème du monstre, ce spectacle sur le corps et ses handicaps manque paradoxalement d’épaisseur humaine, de pertinence, ainsi cantonné à un catalogue d’étrangetés et une exhibition de phénomènes (l’homme-tronc, le pétomane) flirtant parfois avec la carte du vulgaire. Les tableaux se suivent sans réelle surprise, les différents personnages étant interprétés par Yann Frisch et Christian Hecq, ce dernier tout en grimaces et déhanchements de sa spécialité. Dans l’ingénieuse scénographie de Vanessa Sannino, également créatrice des costumes, l’interprétation des sœurs par Valérie Lesort et Céline Milliat-Baumgartner, apparence identique, est parfaitement ajustée. Mais malgré quelques images réussies, les siamoises demeurent essentiellement l’opportunité d’une succession de saynètes bien réglées mais ne dégageant aucune émotion, ni empathie, encore moins de merveilleux. 

Les Sœurs Hilton     * *

Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis, bd de La Chapelle, Paris 10e. Tél. 01 46 07 34 50. www.bouffesdunord.com Jusqu’au 3 novembre. Tournée : Théâtre de Namur, 6-8 novembre, Théâtre Edwige Feuillère, Vesoul, 19-20 novembre, EMC, Saint-Michel-sur-Orge, 23-24 novembre, Bateau Feu, Dunkerque, 28-29 novembre, CNC Orléans, 6-14 décembre, Le Volcan, Le Havre, 8-10 janvier 2025, Grand R, La Roche-sur-Yon, 13-14 janvier, TAP, Poitiers, 17-18 janvier, Les Salins, Martigues, 31 janvier-1er février, Malraux, Chambéry, 11-12 février.

(photo Fabrice Robin)