Le Théâtre du Rond-Point entame sa saison avec un spectacle percutant
Avec le spectacle de Miet Warlop, présenté en coréalisation avec le Festival d’automne, c’est un début de saison tonitruant pour le Théâtre du Rond-Point sous la nouvelle direction de Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel. Au départ, il y a la proposition faite à Miet Warlop par le NT Gent d’écrire le quatrième volet du feuilleton théâtral Histoire(s) du théâtre, à savoir raconter son histoire du théâtre, à la suite de Milo Rau, Faustin Linyekula et Angelica Liddell. La plasticienne et chorégraphe flamande a puisé la réponse dans son histoire personnelle et réécrit, pour l’occasion, sa première pièce, Sportband/Afgetrainde Klanken, requiem pour son frère mort en 2005, à la lumière du temps qui a passé et fait son œuvre. Sous sa forme d’un concert où est répétée en boucle une unique chanson, One song Histoire(s) du Théâtre IV relève de la performance sportive et musicale.
A la limite de l’épuisement
Le décor est celui d’un gymnase avec des tribunes où sont assis quelques spectateurs et une commentatrice à trois jambes ( !) en salopette orange dont le micro laisse échapper d’étranges borborygmes. La piste accueille bientôt cinq athlètes musiciens : une jeune violoniste qui va grimper sur une poutre, un batteur écartelé entre plusieurs instruments, un contrebassiste, un pianiste et un chanteur, tous sous la coupe d’un métronome intempestif. Chacun va s’activer sans répit au rythme de la musique tandis qu’un pom pom boy arpente le plateau. Haut exercice de persévérance et d’endurance, le show en impose autant par la performance sportive et humaine que par la démarche spirituelle. Obstination dans l’effort jusqu’à la transe, vertige de l’épuisement, la proposition n’est pas dépourvue de respirations d’humour comme cette pluie venue interrompre le concert ou cette écharpe de spectateur intimant un « shut up » inopérant. Ca ralentit, puis ça repart, chacun dans son effort personnel, et tous dans l’effort collectif. Sur son tapis roulant, le chanteur martèle « Run for your life/Till you die/Till I die/Till we all die ». Les mots sont assénés, repris en boucle. Ou comment aller au bout du deuil, dépasser la tristesse. Et donc tout simplement vivre. On reste scotché.
One song * * *
Théâtre du Rond-Point, 2bis, av. Franklin D. Roosevelt, Paris 8e. Tél. 01 44 95 98 00. www.theatredurondpoint.fr Jusqu’au 1er octobre. Tournée : Dublin, Leeds, Londre, Vienne, Madrid, Mons, Bruxelles, Cergy-Pontoise (25 et 26 janvier 2024), Liège, Nantes (19 et 20 mars), Bordeaux (27 et 29 mars), Charleroi, Bruges.
(photo Michiel Devijver)