Hélène après la chute

A l’Athénée-Louis Jouvet, Simon Abkarian imagine les retrouvailles d’Hélène et de Ménélas

La guerre de Troie est finie. Les Grecs l’ont emporté. Dix ans ont passé depuis que Hélène, la femme de Ménélas, a été enlevée par le prince troyen Pâris. Que va-t-il advenir de celle qui a été à l’origine de la guerre ? Blessé au côté, Ménélas est là, qui vient retrouver Hélène, devenue sa prisonnière, dans la chambre qu’elle partageait avec Pâris, désormais mort. Elle apparaît, dans toute sa beauté. Enfin, ils se parlent… Simon Abkarian contourne les stéréotypes de la « putain infidèle » et du « guerrier rustre » et entend redonner « de la grandeur et de l’ampleur à ces personnages mythiques ». Il est néanmoins difficile de croire à ces retrouvailles imaginées dans ce décor de chambre entourée de miroirs et d’un chic ostentatoire. La confrontation va alterner les moments forts, entre explications et revendications, et d’autres laissant espérer la possibilité d’une intimité retrouvée.

La troisième voix de la musique

Le texte fait entendre les blessures de Ménélas et les aspirations d’Hélène : « Je veux tout (…) Je veux être Hélène qui danse dans Hélène» dans une écriture alternant les phases de lyrisme et de prosaïsme. Une troisième voix, belle et harmonieuse, se mêle à celle des deux protagonistes qui ne sont pas seuls sur scène : la musique librement écrite, jouée au piano et chantée par Macha Gharibian qui dilue et prolonge l’émotion. Sans rien souligner, elle « laisse au temps de suspendre sa transe ». Difficile pourtant de se laisser emporter par cette rencontre entre les héros mythiques, dans une mise en scène manquant de sobriété et alourdie par de multiples et inutiles déplacements de décor. Les costumes ne sont pas du meilleur effet, notamment celui d’Hélène, révélant un jeu de jambes démonstratif. Malgré cela, Aurore Frémont impose une Hélène puissante face à Brontis Jodorowsky, un peu en retrait.

Hélène après la chute       *

Athénée Théâtre Louis-Jouvet,  2-4 square de l’Opéra Louis-Jouvet, Paris 9e. Tél. 01 53 05 19 19. www.athenee-theatre.com Jusqu’au 25 novembre.Tournée : Théâtre de Gascogne, 30 novembre, Théâtre de Suresnes, 15 décembre, La Criée, Marseille, du 19 au 22 décembre.

(photo Antoine Agoudjian)