Le temps d’un spectacle facétieux et tendre, François Morel sort de l’oubli les chansons d’un marin breton
Yves-Marie Le Guilvinec, 12 avril 1870-17 mai 1900. Qui connaît ? Pas grand monde, mais grâce à François Morel, le marin auteur de chansons sort de l’oubli où il était tombé. Tout commence quand le comédien découvre par hasard une revue où étaient reproduites, et illustrées de sa main, des chansons de Le Guilvinec. Histoire vraie ? Fausse ? Peu importe puisque l’histoire est belle et que, désormais, l’homme a sa biographie, écrite par Gérard Mordillat, François Morel et Antoine Sahler (Tous les marins sont des chanteurs), parue en 2020. Il ne restait plus aux trois auteurs qu’à adapter les chansons écrites par Le Guilvinec, les remettre en musique et à les faire entendre… C’est chose faite avec ce nouveau spectacle chanté, tendre et facétieux, planté dans un décor évoquant tout à la fois une embarcation, une guinguette ou un quai d’où l’on imagine le départ des bateaux, et la mer au loin. Pour un peu, on verrait les mouettes, on sentirait les embruns…
Mélancolie et bonnes blagues
Pour présenter l’auteur de chansons méconnu, un conférencier impeccable déroule la chronologie de son existence, enfile avec sérieux les perles et les lieux communs, interrompu par les interventions de ses acolytes, pressés de donner de la voix. Anecdotes, blagues faciles, images vidéo, lyrisme exacerbé dans la chanson d’une femme de marin restée à terre, accents mélodramatiques à la Léo Ferré pour une lettre adressée à une mère, le comédien humoriste brosse un tableau couleur sépia de la vie de Le Guilvinec. A bas La Paimpolaise et sa falaise (qui n’existe pas) de Théodore Botrel, et vive La Cancalaise écrite par Le Guilvinec ! Le spectacle est collectif avec, dans le rôle du conférencier, Gérard Mordillat ou Romain Lemire, et le complice habituel Antoine Sahler au piano, à la trompette, à l’accordéon, accompagné par Amos Mah à la guitare et au violoncelle et Muriel Gastebois aux percussions. Les rejoint sur scène une chorale amateur éphémère, Les Fouphonix, pour un final joyeux, quoique… «Un jour il n’y aura plus un poisson dans les mers, un jour il n’y aura plus d’oiseaux dans les airs… » Yves-Marie Le Guilvinec, écolo avant l’heure ?
Tous les marins sont des chanteurs * *
Théâtre du Rond-Point, 2 bis, av. Franklin D. Roosevelt, Paris 8e. Tél. 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr Jusqu’au 3 juillet.
(Photo Giovanni Cittadini Cesi)