Marc Lainé invite à un voyage en train le temps d’une histoire d’amour
Les trains, alors, étaient composés de compartiments, endroits propices à l’intimité lorsqu’on s’y retrouve à deux. Ce qui arrive à Paul, professeur de philo dans une petite ville de province, qui, dans le train pour rentrer à Paris, est assis en face de Liliane, de retour d’une visite à ses parents. Nous sommes en 1969. Ils font connaissance, et bientôt entament une liaison. Elle durera sept ans, et les voyages en train rythment son évolution, et celle de leur personnalité à chacun, lui, intellectuel sûr de lui, voire méprisant, et elle, la jeune femme complexée par ses origines. Les marqueurs sociaux ont leur importance, le patriarcat est toujours dominant et la libération des femmes n’en est qu’à ses débuts.
Une scénographique séduisante
Marc Lainé, auteur et metteur en scène, est aussi un artiste plasticien. Scénographe, il associe intimement l’image et le texte. Le dispositif scénique de ce dernier spectacle, réalisé avec la collaboration de Stephan Zimmerli, est particulièrement ingénieux, ludique et séduisant. Il accueille le spectateur dès l’entrée et l’embarque dans le voyage. A jardin, un train électrique tourne sur son circuit miniature sur fond de paysage industriel. Au-dessus, un écran sur lequel on peut voir les personnages en gros plan. A cour, le compartiment du train avec ses banquettes en simili cuir et sa vitre sale. Sur le devant, un rail permettant les déplacements de la caméra. Image et texte s’imbriquent donc intimement au service de ce texte délicat, interprété en finesse par Vladislav Galard et Adeline Guillot, qui laissent affleurer les mondes intérieurs. Une histoire banale, lucide et cruelle, mélancolique, et une traversée de ces paysages mineurs, témoins de « la vraie vie ».
Nos paysages mineurs * * *
La Comédie de Valence, du 17 au 20 janvier. La Filature, Mulhouse, du 7 au 10 avril.
(Photo Simon Gosselin)