Naïs

Après le Lucernaire, la pièce mise en scène par Thierry Harcourt est jouée à Avignon

Le film réalisé par Marcel Pagnol en 1945 a pour héroïne le personnage d’une nouvelle d’Emile Zola datée de 1883. Revisitée par le grand écrivain et cinéaste méridional, l’histoire est moins amère que la nouvelle dont elle est inspirée. Cinquante ans après la disparition du réalisateur, voici Naïs adapté à la scène par Arthur Cachia dans une mise en scène de Thierry Harcourt dont le travail de lumière fait entrer le soleil sur le plateau. Autour d’un escabeau en bois, accessoire marqueur des différents lieux et paysages, s’organisent tous les déplacements et rencontres. Après une présentation express, les six comédiens investissent leurs personnages et transportent dans la ferme de Micoulin, le père de la jolie Naïs, aimée de Toine, le bossu, employé de la ferme, et convoitée par Frédéric, le fils de la propriétaire, pour lequel penche le cœur de la belle.

Vérité, humour et émotion

La langue de Pagnol se fait entendre dans le bel accent qui lui est consubstantiel, ici parfaitement tenu, sans être jamais appuyé, par les interprètes. Elle englobe à la fois l’humour, la tendresse, l’humanité, la poésie, à travers le parler de Toine, à la drôle de « figure » dans le dos. En scènes courtes et vivement enchaînées, la mise en scène se resserre autour des personnages et du jeu des acteurs, entrecoupée de légers intermèdes chorégraphiques de Bénédicte Charpiat. Arthur Cachia incarne le bossu philosophe avec une vérité et une émotion sensible, Marie Wauquier est une Naïs fougueuse et délicate, et Patrick Zard’ le terrible Micoulin. La distribution est complétée par Lydie Tison, Kevin Coquard, Clément Pellerin, en alternance avec Simon Gabillet. Aucune faute dans ce spectacle de la compagnie Les fautes de frappe, créé au Festival Off en 2022 et dont c’est la troisième participation au festival cet été.

Naïs                     * *

Condition des soies, 13 rue de la Croix, 84 000 Avignon, tél. 04 90 22 48 43. www.conditiondessoies.com Du 3 au 21 juillet.

(photo Guy Dorotte)