La metteure en scène Yngvild Aspeli et les marionnettes de la compagnie Plexus Polaire s’immergent dans l’œuvre d’Herman Melville
C’est un monde englouti, peuplé de marins disparus, enfouis au fond de l’océan par la seule obsession d’un capitaine obstiné. La metteure en scène norvégienne Yngvild Aspeli le fait ressurgir dans un spectacle à la beauté nocturne et mélancolique. C’est tout d’abord une saisissante horde de fantômes surgis du fond des mers : « pourquoi les vivants s’efforcent-ils de faire taire les défunts ?». Puis c’est au tour d’Ismaël, seul survivant de l’expédition vengeresse menée par Achab à la poursuite du cachalot qui lui a arraché une jambe. Et le narrateur de nous embarquer dans cette quête obsessionnelle, vengeresse et métaphysique, de ressusciter la figure tyrannique du capitaine Achab et de ses marins. Effets visuels et sonores, jeux d’images et de lumières, le plateau se transforme en monde sous-marin, le dispositif suggérant à la fois le ventre de la baleine, la matrice du bateau, un tombeau. Yngvild Aspeli associe les jeux d’échelle et les rapports de force entre l’humain et l’animal, avec des visions de rafiots minuscules confrontés au mythique cachalot, des ballets de sirènes et leurs échos sonores.
Le travail des marionnettes à dimension humaine, tant dans leur réalisation (impressionnant Achab) que leur manipulation (à sept, ils semblent être trente sur scène) est très accompli, tout comme la composition et l’accompagnement musical et sonore réalisés par Guro Skumsnes Moe, Ane Marthe Sorlien Holen et Havard Skaset et les lumières de Xavier Lescat et Vincent Loubière.
(Photo Christophe Raynaud de Lage)