Au Studio-Théâtre, six comédiens, musiciens et chanteurs pour un seul interprète : Serge Gainsbourg.
Il fallait bien être plusieurs pour approcher et tenter de cerner les multiples facettes d’un artiste à part : Serge Gainsbourg. Six qui ne songent pas à le singer, mais portent, en signe de ralliement admiratif, ces paires de Repetto blanches affectionnées par l’auteur interprète. Cinq garçons : Stéphane Varupenne et Sébastien Pouderoux (adaptateurs et metteurs en scène), Benjamin Lavernhe, Noam Morgensztern, Yoann Gasiorowski, et une fille : Rebecca Marder. Ambiance de studio d’enregistrement, le moment est détendu, amical, chaleureux, décontracté. Des instruments de musique (guitares, piano, batterie, claviers, percussions, clarinette et trombone), du matériel de son et, disposés ici ou là, des objets rappelant le mythe Gainsbourg : un paravent chinois, un chou,… Parce que chacun à son idée du personnage, les comédiens-chanteurs en composent un portrait kalédoscopique. Tous sont musiciens, et tous sont des idées de Serge. Leur choix de morceaux, parmi les chansons emblématiques, privilégie le Gainsbourg amoureux et sensuel.
A chacun son Serge
Pour Stéphane Pouderoux, qui s’était mis dans la peau de Bob Dylan dans Comme une pierre qui, cosigné avec Marie Rémond, le spectacle aurait pu s’appeler Chacun cherche son Serge. Et chacun le trouve : ici le provocateur, le subversif irréductible, le scandaleux, là le timide, le tendre, l’artiste complexé, l’homme blessé… Pas de forme cabaret dans ce nouveau spectacle musical du Studio-Théâtre, mais un stand up entrecoupé de déclarations, de réponses à des interviews, de passages mémorables dans des émissions radio ou télé, d’apartés des comédiens. Des chansons des débuts les plus connues, Le poinçonneur des Lilas, bien sûr, La chanson de Prévert, La Javanaise ou un peu oubliées, comme L’eau à la bouche ou Black Trombone, interprétée par Stéphane Varupenne (premier prix de trombone au Conservatoire de Lille), à celles des années 70-80, les arrangements signés Guillaume Bachelé, Martin Leterme, Vincent Leterme, avec les Serge, donnent une nouvelle couleur, une nouvelle atmosphère aux textes : Variations sur Marilou, Les Sucettes dans une interprétation a cappella particulièrement savoureuse,… Le concert alterne la mélancolie (La noyée, délicatement interprétée par Benjamin Lavernhe), l’insolence, le swing, l’ironie, la sensualité, toute une palette de nuances pour dessiner en chantant le portrait sensible d’un poète.
Les Serge (Gainsbourg point barre) * * *
Studio-Théâtre, Galerie du Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, Paris 1er. Tél. 01 44 58 15 15. www.comedie-francaise.fr Jusqu’au 30 juin.