Au LaM, à Villeneuve d’Asq, derniers jours d’une exposition retraçant les années de combat de Delphine Seyrig. Il faudra ensuite aller au Musée Reina Sofia, à Madrid, pour la voir.
Sous-titrée Delphine Seyrig entre cinéma et vidéo féministe, il ne faut donc pas s’attendre à retrouver dans l’exposition du LaM l’interprète éthérée de L’année dernière à Marienbad, encore moins la fée de Peau d’âne mais la militante engagée dans les luttes féministes et humanitaires. Centrée sur l’image de l’actrice, réalisée en collaboration avec le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia et en partenariat avec le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, l’exposition revient, à partir d’un ensemble d’œuvres, de films et de documents, sur l’histoire culturelle et visuelle du féminisme en France à travers notamment le regard de Delphine Seyrig (1932-1990). Lorsqu’elle rencontre des groupes de militantes bien décidées à changer l’image de la femme, la comédienne aux inflexions rares, partenaire au théâtre dans les années 60, de Rochefort et Marielle à leurs débuts dans un répertoire nouveau à l’époque (Pinter, Saunders,…), interprète au cinéma de Resnais, Demy, Truffaut, Duras, Akerman, s’engage dans le Mouvement de Libération des femmes. L’exposition retrace ses engagements au travers de nombreux films vidéo, images, interventions lors d’émissions de télévision. Belle, véhémente, on redécouvre ses prises de parole, on la voit tenir tête à ses interlocuteurs lors de débats houleux sur l’avortement.
Le parcours accompagne l’époque,
A chaque salle, un thème : Défaire la diva, ou comment sa profession conduit l’actrice à une réflexion critique sur les rôles que la société assigne aux femmes. Pratiques insoumises quand le collectif Les Insoumuses s’empare de la caméra et réalise des vidéos (Maso et Miso vont en bateau), capte des images des manifestations, Contre la normalité, Luttes transnationales, avec à la clé des vidéos prises sur le vif par Delphine Seyrig, initiée à cette technique au sein d’un atelier avec Carole Roussopoulos. Avec cette dernière et Ioana Wieder, elle sera à l’origine de la création du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, en 1982. Recherches sur l’antipsychiatrie est centré sur le personnage d’Aloïse, film de Liliane de Kermadec (1975) sur une figure emblématique de l’art brut et enfin Une histoire inachevée est celle du projet de film inspiré des Lettres de Calamity Jane à sa fille qui ne verra jamais le jour et dont sont exposés de nombreux et très intéressants documents préparatoires. On découvre des images de Delphine Seyrig dans le Montana, sur les traces de la fille de Calamity ainsi que des pages du storyboard dessinées par Duncan Youngerman, le fils de l’actrice, en vue de la réalisation par la cinéaste Babette Mangolte.
. Les muses insoumises, Delphine Seyrig entre cinéma et vidéo féministe. LaM, 1 allée du Musée, 59 650 Villeneuve d’Ascq. Tél. 03 20 19 68 68. Jusqu’au 22 septembre. Museo nacional Centro de arte Reina Sofia, Calle de Santa Isabel, 52, 28012, Madrid, Espagne. Du 24 septembre au 23 mars 2020.