Emmanuel Demarcy-Mota invite la figure de Eduardo de Filippo dans une évocation de Naples
Singulière soirée qui débute avec une déambulation poétique dans la grande galerie du Musée du Louvre où sont exposés les chefs-d’œuvre du Musée de Capodimonte : ici, non loin de la Joconde, un musicien jouant des airs de guitare, plus loin, devant les peintures, quelques comédiens distillant à l’oreille de courtes performances en français, italien ou napolitain. Après cette première étape de la soirée imaginée par Emmanuel Demarcy-Mota, direction la cour Lefuel, qui abritait les anciennes écuries de Napoléon III, pour un spectacle à ciel ouvert, co-produit avec le Teatro della Pergola de Florence.
Un spectacle polyphonique
Le plateau réunit des comédiens et musiciens français et des artistes italiens et napolitains, dont Francesco Cordella, interprète de l’Arlequin de Giorgio Strehler, dans le costume originel de Pulcinella. Aux comédiens de la troupe du Théâtre de la Ville se joignent Lina Sastri, Mariangela D’Abbraccio, Ernesto Lama. Le mélange des langues engendre une polyphonie, véritable ligne directrice du spectacle, introduisant une rêverie et autant d’images sur l’identité profonde de Naples : évocation de la mer, irruption de personnages simples, la vie de la rue, les odeurs de cuisine, les chants napolitains,… Les fantômes du théâtre apparaissent, principalement ceux de Eduardo De Filippo (1900-1984), dont le magicien de La Grande magie et aussi Filumena Marturano, même si les personnages en quête d’auteur de Pirandello viennent les perturber. La cour Lefuel, avec ses escaliers en forme de fer à cheval et son élégant cadre de fenêtres offre un décor exceptionnel propice aux apparitions. Extraits de pièces, de poèmes, d’entretiens composent un portrait de De Filippo, auteur de 55 pièces, scénariste et réalisateur. Si le spectacle semble manquer parfois de chair, quoi de plus normal puisque, le temps d’une soirée, il convoque des fantômes. Et ils sont bien vivants.
Les fantômes de Naples * *
Musée du Louvre, dans le cadre des Etés du Louvre. Renseignements 01 40 20 55 00. www.louvre.fr Jusqu’au 3 juillet.
(photo Jean-Louis Fernandez)