Au Théâtre de la Ville, dans le cadre du Festival d’Automne, la dernière création de Pascal Rambert offre un vaste terrain de jeu aux interprètes
Ce n’est qu’un début… Pascal Rambert présente sa dernière création comme le premier épisode d’une trilogie, programmée à raison d’un chapitre tous les deux ans : viendront Les Emotions puis La Bonté, à l’horizon 2029. Avec les mêmes comédiens, et non des moindres : Jacques Weber, Audrey Bonnet, Stanislas Nordey, Anne Brochet, Arthur Nauzyciel, Laurent Sauvage, Lena Garrel, et de jeunes acteurs, Mathilde Viseux, Jisca Kalvanda et Paul Fougère. Car l’auteur prolifique entend creuser la matière du temps et les effets de son oeuvre. Que deviennent ses personnages dans la durée, comment évoluent leurs relations, et quid des conséquences de leurs actes ? Dans son objectif, trois générations d’une famille se retrouvent dans les coulisses d’une cérémonie d’obsèques. Chacun porte le prénom de son interprète. Les prochaines retrouvailles auront lieu lors d’un mariage, les rituels marquant le passage du temps et un état des lieux des relations.
Un plateau habité
Dans l’espace d’une blancheur aveuglante, impersonnel et clinique, les personnages se croisent, levant un voile sur les coulisses de leurs vies. Au rythme des entrées et sorties nerveuses, intempestives, le texte avance par saccades, à grandes rasades de monologues un peu vains ou de dialogues incisifs, avec parfois une incursion du côté du vaudeville à la Feydeau, ou encore, moins réussi, un rappel de la subtilité tchekhovienne, à l’opposé du théâtre rambertien. S’il peut agacer quand il balaie les thématiques dans l’air du temps d’une bourgeoisie parisienne stéréotypée comme autant de lieux communs, le texte offre par éclairs des moments forts ou troublants à travers l’aveu d’un amour, la révélation d’une culpabilité ou la survivance d’une passion, d’une souffrance. Ce théâtre d’écriture pétri d’intentions et de quelques et ficelles et autres clichés, est porté par de solides personnalités qui subliment leur partition, ainsi de Audrey Bonnet, Anne Brochet, Marilu Marini, Arthur Nauziciel, Stanislas Nordey, Jacques Weber, tous habitant intensément le plateau.
Les Conséquences * *
Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, 2 place du Châtelet, Paris 4e. Tél. 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com Jusqu’au 15 novembre. Tournée : Annecy, 2-5 décembre, Nice, 17-19 décembre.
(photo Louise Quignon)