Le spleen de l’ange

Au Théâtre des Abbesses, Johanny Bert a les ailes d’un ange

Les anges s’ennuient dans les airs. Certes ils redescendent parfois sur terre mais souffrent de leur condition d’immortels et envient _parfois _ les humains. C’est ainsi que, après avoir travaillé sur l’identité et le genre avec Hen-cabaret en 2019 puis La (nouvelle) Ronde, Johanny Bert aborde le thème de l’ange. Comment ne pas penser au film de Wim Wenders, Les ailes du désir (1987), lorsque apparaît, suspendu dans les airs, un ange aux ailes dorées ? Le marionnettiste reconnaît d’ailleurs s’être inspiré du cinéaste allemand (« il faut inventer les anges ») pour créer ce personnage d’ange errant dans notre monde contemporain. Désireux d’être comme ces humains, ces êtres minuscules qu’il voit se déplacer, s’agiter, vivre leur vie, il va couper ses ailes… et dire adieu à l’immortalité.

Un ange passe

L’idée est là, dans sa poésie sommaire, et ressassée, soutenue par une musique originale et omniprésente, composée par Marion Lhoutellier, sur scène au violon et instruments électroniques, avec Guillaume Bongiraud au violoncelle et « thérémine », Cyrille Froger, percussions et claviers. Le spectacle marionnettique et musical, divisé en chapitres ou « stations », est également chanté, par Johanny Bert lui-même. Les textes des chansons (Brigitte Fontaine, Bérangère Jannelle, Laurent Madiot, Alexis Morel, Yumma Ornelle, Prunella Rivière), sages voire naïfs, exprimant les introspections de l’ange dans une interprétation appliquée et morne ne participent pas à le faire décoller. Humains, réjouissez-vous de votre condition, appréciez la vie et sa finitude, telle est la morale du spectacle. A chacun de s’en contenter. Malgré le travail des marionnettes (réalisées par Amélie Madeline) et de belles images, dont la première et la dernière, l’animation d’un squelette, l’urne funéraire, la constellation d’étoiles…, le spectacle ne transporte pas au pays des anges.

Le spleen des anges      * *

Les Abbesses, 31 rue des Abbesses, Paris 18e. Tél. 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com Jusqu’au 26 octobre. Tournée : Théâtre de Morlaix, 7 novembre, Théâtre 71, Malakoff, 13-15 novembre.

. Des lunettes connectées sont disponibles gratuitement à destination des personnes sourdes ou malentendantes, sur réservation. Avec surtitrage possible en langue des signes française.

(photo Christophe Raynaud de Lage)