Le Prix

 

Au Théâtre Hébertot, Ludmila Mikael et Pierre Arditi dans un texte de Cyril Gély

Les personnages de Cyril Gély ont existé : lui, Otto Hahn, chimiste allemand, elle, Lise Meitner, physicienne autrichienne et juive. Leurs travaux menés conjointement pendant une trentaine d’années dans un laboratoire à Berlin, ont conduit à la découverte de la fission nucléaire. On les retrouve dans la pièce de Cyril Gély, adaptée de son roman. On est en 1946, à Stockholm, dans une chambre d’hôtel où se trouve Otto, dans l’attente de la remise du prix Nobel qui lui a été décerné. C’est justement dans cette ville que Lise a dû se réfugier après avoir quitté l’Allemagne en 1938 et d’où elle a continué à correspondre avec son camarade pour l’informer de ses travaux. Sans sa collaboration et ses recherches, Otto ne serait pas parvenu à la découverte pour laquelle il va, seul, être honoré. La visite de Lise est annoncée. Voici l’instant des retrouvailles, et pour elle, le temps des règlements de comptes.

Un duo brillant

Après toutes ces années où elle est restée dans l’ombre, la scientifique voudrait sa part de reconnaissance. Elle a l’âme chevillée au corps. Dans un décor mêlant réalisme et onirisme, la mise en scène de Tristan Petitgirard se concentre sur la rencontre tendue entre les deux personnages. Si le texte de Cyril Gély aurait gagné à davantage de condensation, il expose clairement les faits, retrace le contexte historique et cerne la psychologie des personnages, servis ici par deux grands interprètes. Comédienne fine et sûre, Ludmila Mikael avance à pas feutrés dans cette confrontation avec son ancien camarade. Toujours élégante mais ne cédant aucune concession, elle s’affirme, tout en délicatesse et retenue. Elle est magnifique de présence, de lumière, d’émotion. Quant à Pierre Arditi, il endosse avec son aisance habituelle un rôle où il se joue de la mauvaise foi avec un art consommé.

Le Prix       * *

Théâtre Hébertot, 78 bis, bd des Batignolles, Paris 17e. Tél. 01 43 87 23 23. www.theatrehebertot.com

 

(photo Bernard Richebe)