En coréalisation avec le Festival d’automne, la Comédie-Française met à l’honneur le conte d’Andersen pour son traditionnel spectacle pour enfants de fin d’année.
La Petite Sirène rêve de tenir sur deux jambes, de quitter ses nageoires, de sortir de l’eau, monter à la surface, quitter l’enfance enfin. Pour cela, elle doit attendre d’avoir quinze ans. Sa grand-mère et sa sœur la mettent en garde mais la curiosité, le désir de l’inconnu, d’être comme les autres, l’emportent. Alors qu’elle est juste sortie de l’eau, une tempête éclate. Un jeune homme va se noyer, elle lui porte secours, chante pour le ramener à la vie puis disparaît. Mais la voici amoureuse et pour pouvoir le revoir, elle accepte le pacte de la Sorcière des mers : échanger sa queue de sirène et sa sublime voix contre des jambes… Le conte écrit par Hans Christian Andersen en 1837 est riche en symboliques, à commencer par la différence, l’appréhension de l’autre. Dans son adaptation (en alexandrins libres), Géraldine Martineau met en lumière certaines des thématiques essentielles : Qu’est-on prêt à sacrifier de soi pour être accepté par l’autre ? A l’heure du harcèlement à l’école, la question est importante. Comme celle de la responsabilité des choix. Ou encore l’accueil de l’étranger, la protection de la nature et du milieu originel.
Conte initiatique
Entamé dans le merveilleux, grâce à la scénographie de Salma Bordes et aux lumières de Laurence Magnée inventant un monde marin par la suspension de cordages scintillants, entre barrières de corail, algues et barreaux de prison, le conte bascule ensuite dans une réalité plus violente, celle du monde terrestre et de ses personnages prosaïques. Le corps de la Petite sirène se transforme, elle perd sa séduction et devient une étrangère que l’on rejette. Dans cette deuxième partie, le conte vire à l’amertume. Adeline d’Hermy incarne la Petite sirène avec grâce et Danièle Lebrun est tour à tour la Grand-mère, la sorcière et la mère de la princesse voisine. Claire de La Rüe du Can, Julien Frison et Jérôme Pouly complètent la distribution. Echo intérieur de l’héroïne et fil d’or du spectacle, la voix de sirène est celle, gracile, enchanteresse et délicate, de Judith Chemla.
La petite sirène * *
Studio-Théâtre, Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, Paris 1er. Tél. 01 44 58 98 58. www.comedie-francaise.fr Jusqu’au 6 janvier. Spectacle tout public à partir de 7 ans.