Dans le cadre du Festival d’automne, Bob Wilson met en scène le livre de Kipling, sur la musique de CocoRosie.
C’est un enfant qui a du mal à se faire une place dans le monde : Mowgli, le jeune héros du Livre de la Jungle, de Rudyard Kipling que Bob Wilson met en images dans un spectacle musical. Abandonné dans la forêt, le Petit d’homme trouve une famille parmi les animaux, chacun voulant l’adopter, à commencer par Mère Louve et Père Loup. La nature aussi a sa loi, et celle de la jungle interdit à toute bête de manger l’Homme. Ainsi le jeune Mowgli est élevé parmi les bêtes sauvages, Bagheera la Panthère, l’Ours Baloo, Shere Khan le Tigre boiteux, Tabaqui le chacal, et d’autres encore qui lui enseignent leurs règles. Et quand, plus tard, il découvrira son village natal peuplé d’humains, il se sentira étranger. A tout conte, il faut un narrateur, c’est Hathi l’éléphante qui entrouvre le rideau de scène, ses imposantes oreilles débordant d’une longue robe blanche, et entame l’histoire de l’enfant dans la jungle, comme Bob Wilson a choisi de la découper. Le metteur en scène américain ne s’attachant pas à une adaptation linéaire du livre de Kipling mais en proposant un choix de certains chapitres et épisodes marquants, déclinés en scènes jouées et en chansons et refrains répétés à dessein.
Un spectacle coloré
L’œuvre de Kipling a manifestement beaucoup moins inspiré Wilson que Les Fables de La Fontaine, autrement travaillées, montées à la Comédie-Française en 2004. L’adaptation libre, elliptique, signée avec François Regnault mêle le texte, en français, et des chansons en anglais, gênant la compréhension de l’histoire (1). Les thèmes de l’enfant sauvage et de la pollution humaine sont présents : ici, des phoques, là une accumulation de téléviseurs éventrés, témoins d’une nature en danger. Des images découpées dans le ciel, des ombres chinoises, bruits de la jungle, couleurs vives et lumières éclatantes, les composantes du savoir-faire wilsonien sont là, sans susciter aucune magie. La précision habituelle est en porte-à-faux avec une impression de flottement, sinon d’approximation de certains effets, et la fraicheur de certains interprètes. La chorégraphie se révèle pauvre, paresseuse, la partition musicale sans grande originalité, et le spectacle finit par flirter avec l’ennui.
(1) Texte publié à L’avant-scène théâtre, n° 1464.
(photo Lucie Jansch)
Jungle Book *
13ème Art, Théâtre de la Ville au 13ème Art. Centre commercial Italie, 30 avenue d’Italie, Paris 13e. Tél. 01 42 74 22 77. Theatredelaville-paris.com Jusqu’au 8 novembre. A partir de 8 ans.
. Ateliers Jungle Book pour les parents et les enfants à partir de 8 ans pendant les vacances scolaires.