Au Lavoir moderne parisien, Stanislas Roquette reprend pour quelques jours son spectacle présenté lors du dernier Festival Off d’Avignon
Stanislas Roquette a fait son apparition dans le paysage théâtral il y a quelques années : une présence, un jeu assuré, à la fois ferme et sensible. On se souvient notamment de son interprétation de Artaud-Barrault et Qu’est-ce que le temps ? mis en scène par Denis Guénoun, puis de Ode maritime de Fernando Pessoa mis en scène par lui-même. Le voici avec un texte écrit par lui-même et créé en juin dernier au Théâtre de la Reine Blanche (1). C’est un récit autobiographique. Tout commence à l’école. A l’âge de quinze ans, un diagnostic médical va bouleverser son existence. C’est la découverte par le jeune homme de son diabète insulino-dépendant, et du traitement qu’il doit suivre au quotidien, à savoir des doses d’insuline à s’administrer. Le spectre de la mort fait irruption dans sa vie et la peur avec. Mais parallèlement, une autre rencontre lui insuffle de la joie : celle de Fleur, une jeune fille originale qui dit « magniola » et non pas « merci ». Entre les deux, l’amitié est forte, sans doute amoureuse, mais inavouée. L’âge est aux emballements, à l’enthousiasme et l’exaltation. Elle lui dit des poèmes, lui fait découvrir le théâtre, le Festival d’Avignon… Ils se jurent une amitié éternelle avant qu’elle parte loin : en Colombie.
Le pouvoir de la poésie
Ce seront ensuite des échanges de lettres à travers lesquelles chacun suit son chemin : les débuts du théâtre pour lui, les études pour elle mais la jeune fille connaît des zones d’ombre. L’histoire n’est pas ancienne, mais son écriture est classique, lisse, joliment délicate, jamais vulgaire ou racoleuse, le ton, agréablement désuet, pourrait sembler mièvre s’il n’avait les accents de la sincérité et de la vérité. Avec sa belle énergie, Stanislas Roquette interprète tous les personnages, lui-même et Fleur, et aussi la maitresse d’école avec ses séances de récitations intimidantes, le médecin, ou encore un prêtre. Le texte est drôle, tendre, émouvant, formidablement vivant, accompagné et rythmé par la création musicale de Christian Girardot, partie prenante de ce spectacle sur le pouvoir des mots, de l’amitié et de la poésie.
(spectacle vu au Théâtre du Train bleu, à Avignon, juillet 2022).
Insuline et Magnolia * *
Lavoir Moderne parisien, 35 rue Léon, Paris 18e. Tél. 01 46 06 08 05. www.lavoirmoderneparisien.com Du 15 au 19 février.
(1) Le texte sera publié chez Actes Sud-Papiers le 1er mars.
(Photo Ludo)