La Maison Jean Vilar expose au Jardin des Doms des clichés sur les débuts de l’aventure théâtrale avignonnaise
Fermée pour travaux, la Maison Jean Vilar n’en commémore pas moins le cinquantenaire de la disparition du créateur du Festival d’Avignon et revient sur cette rencontre déterminante entre un homme et une ville. Car Vilar apprit d’Avignon, comme la ville apprit de lui. Hors les murs de la Maison de la rue de Mons donc, un peu plus loin, dans le Jardin des Doms surplombant la Cité des Papes, la déambulation est rythmée par des grands panneaux photographiques en noir et blanc, témoins de cette exceptionnelle aventure théâtrale débutée en 1947. Au hasard d’un bosquet, nous attend une photo de groupe, celle de la troupe du TNP, en 1958. Les sourires éclatent, ceux de la jeunesse, habités par le désir de théâtre. Au total, trente-deux photos, signées Agnès Varda, témoin des débuts, mais aussi Maurice Costa, Suzanne Fournier, Boris Lipnitzki ou Serge Lido, se détachent sur le ciel avignonnais et ponctuent cette promenade photographique.
Un théâtre qui respire
Pour Vilar, l’avenir du théâtre n’était pas dans le huis clos : « Il faut que beaucoup d’entre nous comprennent qu’il faut faire « respirer » le théâtre », intime-t-il dans une note de travail de 1948. Avec lui, à Avignon, après l’expérience de la Roulotte (1), le théâtre aura beaucoup respiré, et le parcours de l’exposition en témoigne qui montre les comédiens au travail, pendant les répétitions mais aussi au repos. La troupe partageait le même « goût quotidien de la lumière, du soleil, du vent, de la pierre»… et des grands textes. Dans le renfoncement d’une allée, ou postés face à la majesté du paysage, on découvre les moments de pause des comédiens, seuls comme Silvia Monfort jouant à la pétanque, en groupe dansant le long du fleuve, lors d’un match de football pour Daniel Gélin à l’île de la Barthelasse, ou encore se reposant en famille (Gérard Philipe en compagnie d’Anne, en 1959),… Intermèdes entre les répétitions dans la Cour d’honneur, moments de complicité dans les jardins, sous les arbres du Verger Urbain V, au bord du Rhône, évasion lors des jours de relâche, dans « une atmosphère de colonie de vacances », selon Agnès Varda, où transpire un esprit de camaraderie.
Un concours de sauts
Sous l’objectif de Maurice Costa, un jour de relâche de 1959, Philippe Noiret et Jean-Pierre Darras sautent et s’envolent… Cette photo a inspiré aux organisateurs de l’exposition un Concours Jump inédit ouvert jusqu’au 24 octobre. Les participants peuvent prendre rendez-vous au Studio Jump (inscription sur le site de la Maison Jean Vilar).
(1) « Jean Vilar, le rêve du théâtre pour tous », film de Sarah Paugam à partir de nombreuses archives et entretiens sur le parcours et l’héritage du créateur du Festival d’Avignon, sera diffusé le 23 juillet sur France 5.
. Côté Jardin, Jardin des Doms, Avignon. Entrée libre, Jusqu’au 14 novembre. Catalogue de l’exposition, 12 euros.