Cavalières

Au Théâtre de la Colline, la dernière création d’Isabelle Lafon

Pour ce dernier spectacle, après Je pars sans moi, la saison dernière, Isabelle Lafon s’inspire à nouveau des travaux de Fernand Deligny, éducateur et écrivain qui accueillait des enfants difficiles dans un lieu des Cévennes. L’homme était en quête « d’autres territoires ». Ici, elles sont quatre femmes en rupture qui pénètrent sur le plateau, où ne les attend aucun décor. Juste des fentes de lumière délimitant les espaces (Laurent Schneegans). Isabelle Lafon s’adresse au public, elle est Denise, qui parle de sa passion pour les chevaux, de son métier d’entraîneure, du milieu des courses… Cette adresse au public installe une proximité et entraine dans un cheminement intime. Ce sera ensuite au tour de son amie danoise Saskia, qui correspond avec elle et lui demande de l’héberger quelque temps. Enfin les deux autres femmes, Nora et Jeanne, plus jeunes, sont celles qui vont répondre à la proposition de Denise : partager un appartement, et « s’occuper de Madeleine », jeune handicapée. Jamais présente sur le plateau, cette dernière, dont Denise a la charge, est le ciment de ce groupe fragile mais résistant.

Une aventure humaine

Bien difficile de définir ce que raconte ce dernier spectacle écrit par Isabelle Lafon, avec la participation de ses trois partenaires : Johanna Korthals Altes, Karyll Elgrichi et Sarah Brannens. On l’apprend chemin faisant : il est question d’humanité. Chacune a son style, à l’oral et à l’écrit lorsqu’elles correspondent par lettres. Pendant un temps, à  l’initiative de Denise, elles vont s’accompagner les unes les autres, « faire famille », tenter une aventure humaine qui résonne d’autant plus en creux que rien, ou peu, n’est formulé sur ce qui fait le cœur de leur relation : Madeleine et ses difficultés. En alignant des moments de grâce, de doute et d’inquiétude, Isabelle Lafon et ses partenaires signent un spectacle sensible et profond, où l’on sent le passage de la vie, et du temps. Qui interroge aussi sur comment vivre avec les autres, les êtres « différents ». Pour que « la vie résiste ».

Cavalières              * * *

Théâtre de la Colline, 15 rue Malte-Brun, Paris 20e. Tél. 01 44 62 52 52. www.colline.fr Jusqu’au 31 mars.

(photo Laurent Schneegans)