Les Contes de Perrault


 

A l’Athénée, Valérie Lesort et les Frivolités parisiennes donnent un coup de jeune à une opérette créée en 1913

Il fallait bien une fée pour tourner les pages d’un livre de contes et les embrouiller à plaisir, passer du Petit Poucet à Riquet à la houppe, puis à Cendrillon (Cendrille pour les besoins de la rime), faire un tour par le château de Barbe Bleue, avant de terminer dans celui de La belle au bois dormant, après avoir rencontré le Petit chaperon rouge. Celle qui officie dans le livret de Arthur Bernède et Paul de Choudens n’est autre que la fée Morgane. C’est elle dont la baguette magique enfile et mêle, telles des perles chatoyantes, les Contes de Perrault. Les ressorts de l’action sont entre ses mains, celle-ci étant malmenée par l’affreux Olibrius… Une autre fée est à la manœuvre, qui s’est penchée sur la partition oubliée de Félix Fourdrain, créée en 1913 : Valérie Lesort, qui l’a adaptée et lui donne une nouvelle vie. La metteure en scène aux multiples talents, jamais à court d’invention, s’est inspirée des livres d’enfants aux dessins naïfs, et a imaginé des scènes drolatiques traversées par des personnages marionnetiques.

Un enchantement visuel

La scénographie, avec ses décors et tentures en papier découpé (papillons voletant autour de la robe de Cendrillon, mignons agneaux blancs en papier, docile monture en carton,…), les costumes aux couleurs acidulées de Vanessa Sannino, composent les pages d’un livre pop-up relooké. Si le livre d’images est un ravissement pour l’œil, la partition n’est pas en reste, impeccablement interprétée. Dans la fosse, Dylan Corlay dirige allègrement l’orchestre des Frivolités parisiennes. Et les chanteurs font merveille, à commencer par la soprano Anaïs Merlin dont l’interprétation, du Petit Poucet à celle de Cendrillon, ravit. Enguerrand De Hys est un Prince qui assure, Romain Dayez un Olibrius inquiétant. Richard Delestre et Philippe Brocard (Croquemitaine et Barbe-Bleue) sont épatants dans une désopilante prescription de bicarbonate de soude (Prenez du bi… prenez du car…). Sans oublier Julie Mathevet, Lara Neumann, Camille Brault, Eléonore Gagey, Hortense Venot, Lucile Komitès et Geoffroy Buffière, tous excellents chanteurs et comédiens. Une belle réussite des Frivolités parisiennes.

 

Les Contes de Perrault     * * *

Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 4 square de l’Opéra Louis-Jouvet, Paris 9e. Tél. 01 53 05 19 19. www.athenee-theatre.com Jusqu’au 17 avril. Tournée : Opéra de Compiègne, 24 avril, Théâtre Raymond Devos, Tourcoing, 27 avril, Opéra de Dijon, 21 au 26 novembre.

(photo Fabrice Robin)