Au Théâtre 14, Tatiana Vialle interroge sur la place de l’art à travers la correspondance de Nicolas de Staël
La scène est un atelier. Sur le sol, une artiste déroule une longue bande de papier sur laquelle elle va poser son pinceau imprégné d’une encre noire. Cette création in situ sera la première d’une série, signée Juliette Baigné qui chaque soir imagine des performances uniques. En fond sonore, on entend des extraits de la correspondance de Nicolas de Staël… Puis ce sera l’apparition d’un professeur d’art s’adressant à ses élèves, et enfin celle de Mara, jeune étudiante s’interrogeant et apostrophant son maitre sur son avenir d’artiste, et sa vocation. En entrecroisant ces trois figures, la metteuse en scène Tatiana Vialle appréhende la création et donne chair au geste artistique avant d’entrer plus intimement dans la correspondance de Nicolas de Staël. Peut-on apprendre à être artiste ? Comment trouver son chemin ?
L’artiste et ses vertiges
En quête de réponse, Mara plonge dans la correspondance du peintre et lentement, le personnage du professeur va prendre sa place, jusqu’à se confondre avec lui. Et la première création artistique de la jeune femme aura la forme d’une vidéo. Sans doute un début de réponse à ses questions… Avec finesse et subtilité, Tatiana Vialle mêle les temps, celui du peintre dans les années 50, et l’époque actuelle. Les lettres se croisent, et peu importe les destinataires inconnus, que l’on imagine, elles témoignent de l’inquiétude de l’artiste, de ses vertiges. Le spectacle creuse un versant plus profond. Filmé par Mara (Telma Bello), le visage de Mathieu Touzé s’inscrit sur l’écran, laissant deviner les tourments intérieurs. Comment vivre ? se demandait de Staël, dont la seule préoccupation fut « toujours de peindre quel que soit (mon) état moral et matériel ». Une approche subtile de l’importance de l’art.
Etre peintre * *
Théâtre 14, 20 avenue Marc Sangnier, Paris 14e. Tél. 01 45 45 49 77. www.theatre14.fr Jusqu’au 10 février.
(photo Léa Mazzoni)