Jerémy Lopez, de la Comédie-Française, crée une pièce de Stéphane Olivié Bisson en hommage à un pionnier du cinéma, Max Linder
Il a laissé son nom à une salle de cinéma sur les grands boulevards parisiens : le Max Linder, devenu Max Linder Panorama, situé au 24 bd Poissonnière. Mais qui connaît aujourd’hui celui qui se cache derrière ce nom ? Difficile, en effet, car la plupart de ses films ont été détruits, mis au pilon par une partie de sa famille. Restent quelques images qui donnent un aperçu de son talent et de son style comique en ces années où ce n’était pas « parce qu’il était muet que le cinéma n’avait rien à dire ». Le texte de Stéphane Olivié Bisson procède par sauts dans la chronologie et entrelace la vie personnelle et les créations cinématographiques de Max. Le cinéaste s’adresse à sa fille, Maud. C’est à elle, orpheline à l’âge de quelques mois, que l’on doit de connaître son œuvre. La scène est plongée dans le noir, Max est au pays des morts. Il va revenir dans la lumière (subtil travail de rais lumineux et d’évocation de la pellicule de Bertrand Couderc), enfiler son célèbre costume et remonter le fil de sa vie…
L’homme au chapeau claque
Le grand artiste tombé dans l’oubli revoit sa vie : la jeunesse en Gironde, un an de Conservatoire, le choix de son nom (inspiré par un magasin de chaussures !), l’arrivée à Paris, son engagement par Pathé, l’enchainement des tournages, les premières réalisations… A l’instar des vedettes de l’époque, comme Charlie Chaplin, Max va s’inventer une silhouette : le pantin en noir et blanc va porter l’habit et se coiffer d’un chapeau claque. Il est Max qui entame une série : Max fiancé, Les vacances de Max, Max fait de la photo,… Une centaine de courts métrages feront sa renommée mondiale mais son contrat avec Pathé est interrompu par la guerre. La suite de sa carrière connaît des hauts vertigineux (un contrat mirifique aux Etats-Unis, l’ouverture de son cinéma en 1919) mais l’artiste a des fragilités physiques, et mentales. Jérémy Lopez, totalement engagé dans son interprétation, colle à son personnage : bien sûr, il y a la fine moustache, mais le comédien, immergé dans le personnage de Max, fait sentir le courage physique comme la folle énergie, l’enthousiasme, et aussi la montée des angoisses et les terribles tourments, la jalousie fatale. Grand comédien aux talents multiples, il livre avec ce poignant portrait une interprétation profonde.
Max * *
Théâtre du Rond-Point, 2bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8e. Tél. 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr Jusqu’au 9 octobre. Tournée : 18-20 octobre La Comédie de Picardie, Amiens, 22-25 février 2023 Comédie Odéon, Lyon, 5-8 avril, Théâtre National de Nice.
(Photo Giovanni Cittadini Cesi)