Au Théâtre 14, Antoine Mathieu crée un texte de Rainald Goetz
L’homme est seul. Assis. Une bouteille à ses pieds. Un sac de couchage roulé en boule sur le côté. Il boit, et il parle. L’épuisement est là, la décomposition n’est pas loin, la mort peut-être. Est-il désespéré ? fou ? Sa parole l’entraîne dans ses tréfonds intimes, son chaos intérieur. Rien de beckettien cependant dans ce personnage solitaire face à lui-même. La vie est encore là, et la révolte, sous la plume de l’auteur allemand Rainald Goetz, dans cette troisième partie de la trilogie Guerre, publiée en 1986, dont est tiré Kolik. Pour Alain Françon, qui met en scène le texte, « l’écriture de Goetz ressort de la cohérence », qui fait tenir ensemble tout le réel. En 2004, déjà, il avait mis en scène Katarakt, du même auteur, porté par Jean-Paul Roussillon. Il dirige ici Antoine Mathieu. Le comédien, remarquable, totalement investi dans son personnage, délivre avec une ardeur vibrante l’écriture fiévreuse de Goetz. Sombre, déroutant, ce voyage intérieur accroche le spectateur, le renvoie à son intimité propre. L’exercice aride, exigeant, donne à entendre la force d’une écriture.
Kolik * *
Théâtre 14, 20 avenue Marc Sangnier, Paris 14e. Tél. 01 45 45 49 77. www.theatre14.fr Jusqu’au 27 novembre.
(Photo Ina Seghezzi)