Le film de Jacques Richard est enfin à l’affiche au Lucernaire.
Sa sortie, prévue en mars dernier, a dû être reportée pour cause de fermeture des salles de cinéma, et il aura donc fallu attendre pour voir enfin le film de Jacques Richard consacré à Laurent Terzieff, disparu il y a dix ans. C’est au Lucernaire, lieu intimement lié au comédien qui y a joué tant de textes, qu’on peut découvrir ce portrait riche en images et témoignages. Révélé dans Les tricheurs, de Marcel Carné, sorti en 1958, le comédien à la présence magnétique et à la beauté singulière, aurait pu faire une carrière au cinéma, devenir une star internationale, à l’égal de Jean-Paul Belmondo ou Alain Delon. Il a d’ailleurs à son actif plus de soixante films, dont certains tournés avec de grands cinéastes (Bunuel, Pasolini, Clouzot, Godard, Rossellini, Garrel, Zurlini, Bolognini…). Mais très tôt, il délaisse le cinéma pour se consacrer à la scène, le théâtre se révélant pour lui « une manière de guérir ». Guérir de quoi ? Le film de Jacques Richard lève le voile sur certaines blessures, aide à mieux appréhender l’homme complexe et secret devenu au fil de ses cinquante ans de carrière une figure incontournable du théâtre d’art français.
La passion du théâtre et de la poésie
De Tête d’or, de Claudel, avec Alain Cuny, en 1968, à Philoctète, de Jean-Pierre Siméon, en 2009, en passant par les auteurs contemporains anglo-saxons dont il a permis la découverte, Terzieff aura accompli un parcours unique, guidé par la seule passion du théâtre et de la poésie, qu’il servait de sa voix profonde, sans ignorer l’importance de la présence du public. De l’appartement familial encombré des sculptures de son père, aux coulisses du théâtre, le film est riche en images parfois inédites, donne la parole à de nombreux témoins, comédiens, partenaires, mais aussi proches, déroule un chemin de vie exceptionnel. Pour l’ami Jean Rochefort, il était « un seigneur, il a choisi ce que nous rêvions d’être à dix-huit ans », Christian Schiaretti, son metteur en scène de Philoctète, voit en lui « de la grandeur, une classe ». Toute une vie d’engagement.
Le fantôme de Laurent Terzieff
Cinéma Le Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, Paris 6e. A partir du 9 septembre.