L’Institut Giacometti rouvre ses portes avec l’exposition sur les sculptures perdues d’Alberto Giacometti.
Inaugurée le 25 février dernier, la dernière exposition de l’Institut Giacometti avait dû fermer ses portes en raison des mesures de confinement. La taille du musée autorise sa réouverture, et donc l’accès à cette exposition, résultat d’une enquête sur les traces des sculptures disparues réalisées par Alberto Giacometti entre 1920 à 1935. Vendues puis oubliées, perdues ou détruites, par accident ou par leur auteur, ces œuvres dont le sort est inconnu ont chacune leur histoire. Méconnues, inédites, elles ressurgissent aujourd’hui du passé, et témoignent des années d’apprentissage du sculpteur et de ses périodes cubiste, puis surréaliste. Dans cette période de recherche artistique, Giacometti expérimente beaucoup et détruit plusieurs œuvres dont il conserve pourtant des traces. Dessinateur obsessionnel, il fait de nombreux croquis de ses sculptures, note leur inventaire dans ses carnets qui sont autant d’indices précieux pour leur reconstitution. A l’aide aussi de quelques photographies, d’esquisses, de publications anciennes et de la correspondance avec ses proches, l’exposition dévoile l’importance de ces œuvres « disparues, et pas toujours de la main de Giacometti, loin s’en faut », selon la commissaire Michèle Kieffer. Elles sont ici mises en lumière, et trois reconstitutions en 3D ont pu être réalisées d’après photographie.
Du cubisme au surréalisme
Seule sculpture ayant survécu à l’époque des années de formation à l’Académie de la Grande Chaumière, Autoportrait, de 1925, acquise par un artiste suisse, est exposée. Tandis que Figure, dite cubiste, de 1926 et des photos de Composition et Petit homme rappellent la période cubiste du sculpteur. Objet surréaliste, de 1932, mentionnée comme détruite dans les cahiers de Giacometti, est partiellement conservée. Entre sculpture et jouet, elle a été complétée par Martial Raysse qui a pu reconstituer les éléments manquants à partir des croquis laissés par Giacometti. Du Projet pour une place, dont une partie -le cône- est exposée au Centre Pompidou, ne reste que la photo de Brassaï prise dans l’atelier de l’artiste. Elles sont présentées en lien avec des œuvres de la même époque qui ont été conservées, comme La Femme qui marche, de la période surréaliste, présentée à côté de la reconstitution de Mannequin, corps féminin stylisé à la tête constituée d’une hampe de violon, dont elle est issue (1932-1933). Bas-relief, bronze daté 1929, représentant des corps humains réduits à l’abstraction, œuvre perdue, et Oiseau silence, grande sculpture créée pour le VIe Salon des Surindépendants en 1933, entreposée chez Max Ernst et détruite par accident. L’occasion d’approfondir le parcours d’un artiste unique.
. A la recherche des oeuvres perdues, Institut Giacometti, 5 rue Victor-Schoelcher, Paris 14e. Modalités d’accueil (dix personnes accueillies toutes les 20 minutes), billetterie et réservation sur www.fondation-giacometti.fr Jusqu’au 21 juin.
Photo : Alberto Giacometti et Petit Homme (1926-1927) en plâtre. Photo anonyme, n.d. Archives de la Fondation Giacometti, Paris.