Au Petit Montparnasse, un spectacle retrace le parcours et la carrière de Mireille, des premiers succès au Petit Conservatoire de la chanson
Oubliée, Mireille ? Un peu trop. Dans les années 60, ce brin de femme à la voix aigrelette a régné sur un Petit Conservatoire qui a participé à l’émergence d’une génération de jeunes artistes comme Michel Berger, Françoise Hardy, Yves Duteil… Mais bien avant cela, dans les années 30, Mireille, disparue en 1996, a été l’auteur de nombreux succès qui ont sorti la chanson française de son inspiration réaliste, parfois noire, et l’a engagée vers un univers plus léger, joyeux, sautillant. Très jeune, elle joue du piano, mais parce que ses mains sont trop petites, elle se tourne vers la comédie. Engagée par Firmin Gémier en 1928, elle rencontre Jean Nohain et entame une collaboration fructueuse, lui aux textes, elle à la musique, laissant ses doigts courir sur le piano suivant l’inspiration de Nohain. Les refrains, frais et espiègles, s’enchainent dans une comédie musicale, Fouchtra, hélas trop longue pour être représentée. Mireille part alors aux Etats-Unis, où elle rencontre les célébrités du moment, Cole Porter, Buster Keaton… Quand elle apprend que sa chanson Couchés dans le foin est chantée par Pills et Tabet, la compositrice rentre en France. Sollicitée par les chanteurs du moment, Maurice Chevalier, Jean Sablon, elle enchaîne les succès : Le petit chemin, Le vieux château, C’est un jardinier qui boîte,… Au total, elle composera plus de six cents chansons !
Un hommage joyeux
Grâce à Mireille, le swing fait son apparition dans la chanson française. Charles Trenet n’aura plus qu’à creuser le sillon… Il n’est qu’à entendre Papa n’a pas voulu, Quand un vicomte, interprété par Chevalier, ou des pépites délicieusement désuètes que l’on redécouvre avec bonheur comme Pourquoi t’es-tu teinte Philaminte ? ou encore Y a qu’le 27 qui m’intéresse, que Mireille interprétait elle-même de sa voix fraiche et acidulée. Le spectacle mis en scène par Hervé Devolder souligne son apport artistique essentiel dans le domaine de la chanson. Il évoque aussi en arrière-plan son caractère bien trempé et sa vie personnelle, le couple singulier formé avec Emmanuel Berl. Commencé comme une audition -le directeur de casting cherche une nouvelle Dalida mais voit arriver une petite femme aux cheveux blonds bouclés-, le spectacle s’installe vraiment et trouve son rythme quand Marie-Charlotte Leclaire devient Mireille. Elle lui prête sa voix fluette, haut perchée, claire, ressuscitant le timbre si particulier de Mireille. Hervé Devolder et Adrien Biry-Vicente, quant à eux, interprètent avec succès tous les autres personnages : Jean Nohain, Pills et Tabet, Chevalier, Montand, Emmanuel Berl,… jusqu’aux futures vedettes du Petit Conservatoire. Tous trois impriment un rythme jazzy et enlevé aux nombreux refrains et font passer un heureux moment.
La Grande Petite Mireille * *
Petit Montparnasse, 31 rue de la Gaité, Paris 14e. Tél. 01 43 22 77 74. www.theatremontparnasse.com