Au Théâtre de l’Athénée, Stephan Druet met en scène une version décomplexée et rajeunie de la comédie musicale des années 30.
C’est un rituel de fin d’année à l’Athénée : rendez-vous est donné avec une opérette sortie des armoires. Comme par exemple, les saisons passées, Ta bouche par la compagnie Les Brigands, ou encore La grande duchesse de Gerolstein, dans une ambiance de fête. A la tâche, cette fois, Emmanuelle Goizé avec Pierre Méchanik et Gilles Bugeaud de la compagnie Quand on est trois, redonnent vie à Azor… « J’adore ta bobine, Azor, j’adore tes babines, Azor…» La rengaine a été immortalisée par Arletty. Mais derrière la chanson, il y a une comédie musicale créée en 1932 aux Bouffes Parisiens, signée Gaston Gabaroche, avec Pierre Chagnon et Fred Pearly pour les paroles et la musique. Stephan Druet (metteur en scène de L’Histoire du soldat) tourne délibérément le dos à ces années-là et déplace la situation dans l’ambiance post 68 avec, à la direction musicale, Emmanuel Bex dont les arrangements accommodent la partition aux rythmes des années 70.
Une intrigue policière
Comédie policière, Azor débute dans un commissariat parisien, celui d’Auteuil. Des jeunes femmes ramassées dans le bois sortent du « panier à salade » mais le commissaire, surnommé Azor par ses collègues, a l’âme d’un poète et plutôt que de s’occuper des délinquants, préfère courir après les rimes. Poursuivi par une femme mariée, il est amoureux d’une jeune inconnue, qui se révèlera être la fille du ministre de la justice, tandis que l’intrépide Clo-Clo la Panthère, petite amie du bandit Kiki la Frisette, n’est pas insensible à ses poèmes. Comment Azor va-t-il se retrouver embarqué dans une affaire de cambriolage, puis démasqué au cours d’un bal costumé, c’est tout l’embrouillamini du livret écrit par Albert Willemetz, Max Eddy et Raoul Praxy. Sur scène, trois musiciens accompagnent et participent aux péripéties : Antoine Fresson à la guitare (également Kiki la Frisette), Tristan Bex à la batterie et Emmanuel Bex à l’orgue Hammond. La bonne humeur, même tournant parfois à vide, règne sur le plateau, avec un goût de café-théâtre, dans une joyeuse pagaille un peu vaine. La chorégraphie est rythmée et les interprètes déploient une belle énergie, à l’instar de Julien Alluguette, Fanny Fourquez, Pauline Gardel et Quentin Gibelin, épatants.
Azor * *
Théâtre de l’Athénée, Square de l’Opéra Louis-Jouvet, 7 rue Boudreau, Pari 9e. Tél. 01 53 05 19 19. www.atheneetheatre.com Jusqu’au 13 janvier 2019.