Au Théâtre de la Porte Saint-Martin, reprise de l’adaptation du roman de Jules Verne, récompensé du Molière 2016 de la Création visuelle.
Cela faisait longtemps que Christian Hecq, qui a rejoint la troupe de la Comédie Française en 2008 voulait renouer avec la pratique de la manipulation acquise lors de ses spectacles avec Philippe Genty. L’occasion lui a été offerte par Eric Ruf qui, en souhaitant faire entrer l’art de la marionnette à la Comédie-Française, lui a proposé cette aventure, dans le sillage de Jules Verne et de son odyssée sous-marine. Le résultat est à la hauteur de l’audacieuse proposition : inattendu, drôle, fantastique et malicieux. En guise de rideau de scène, c’est la coque du Nautilus qui attend le spectateur. Elle s’ouvrira pour découvrir l’intérieur du sous-marin mythique, son salon confortable et ses instruments de pointe (scénographie très réussie d’Eric Ruf). Que l’on se souvienne de sa lecture d’enfance : alors qu’ils sont à la poursuite du narval géant, un professeur au Muséum d’histoire naturelle accompagné de son serviteur et un harponneur canadien sont faits prisonniers par le capitaine Nemo, énigmatique commandant du Nautilus.
L’attaque du poulpe géant
La voix off (Cécile Brune) et la musique installent une atmosphère de conte et déroulent les étapes de l’aventure, dans une vision ludique du roman où se mêlent le fantastique et l’humour. Défilé de poissons derrière la paroi du hublot, ballet de méduses, fantasmes du monstre marin, de la baleine, scaphandriers s’aventurant hors du vaisseau, maquette réduite du Nautilus brisant les icebergs, jusqu’à l’attaque du poulpe géant, les images ravissent. Le capitaine Christian Hecq (Nemo froid et mystérieux) a dessiné avec précision et drôlerie les personnages : les « prisonniers » en Pieds nickelés de l’aventure, les figures singulières du second Flippos et du Sauvage. Les comédiens eux-mêmes manipulent avec adresse les étonnantes marionnettes conçues par Carole Allemand et Valérie Lesort, qui cosigne la mise en scène. Une réussite réjouissante.
(Chronique publiée dans lejdd.fr lors de la création du spectacle en septembre 2015).
20 000 lieues sous les mers * * *
Théâtre de la Porte Saint-Martin, 18 bd Saint-Martin, Paris 10e. Tél. 01 42 08 00 32. www.portestmartin.com Jusqu’au 23 juillet.