Grand prix de la critique théâtrale 2018, le spectacle mis en scène par Wajdi Mouawad revient à la Colline après une grande tournée.
Après avoir fait un détour du côté des tragédies grecques, Wajdi Mouawad revient à la veine d’écriture de Littoral, Incendies, Forêts… qui a fait son succès et l’a révélé sur la scène théâtrale : l’écriture d’une histoire qui traverse les temps et les frontières. Et cette première création à la Colline depuis qu’il en a été nommé directeur en avril 2016, est une réussite totale. Cette histoire-là commence, dans une bibliothèque new-yorkaise, par le coup de foudre entre un jeune homme, Eitan, chercheur en génétique, et une jeune fille, Wahida, préparant une thèse sur Léon l’Africain. Changement de tableau : nous voici à Jérusalem, dans une chambre hôpital. Eitan a été blessé dans un attentat. Ses parents, hostiles à son mariage avec Wahida, vont arriver d’Allemagne. Sur fond de conflit israélo-palestinien, Mouawad explore les questions qui lui sont chères : celles des origines et de l’identité. Celles du mensonge aussi, et de la langue maternelle, fondamentale. La scénographie –pans et blocs de murs mobiles- d’Emmanuel Clolus permet tous les changements de lieu à vue, comme les lumières d’Eric Champoux suggèrent les sauts dans le temps. Les comédiens, venus de divers horizons (Israël, Allemagne, Belgique, Syrie,…) s’expriment dans la langue de leurs personnage. Et c’est ainsi que l’on entend de l’hébreu, de l’allemand, de l’anglais, de l’arabe (inscrits dans le décor, les surtitres sont parfaitement lisibles) dans une formidable dynamique de la parole, servie par des comédiens magnifiques : Judith Rosmair, Raphael Weimstock, Leora Rivlin, Jérémie Galiana, Jalal Altawil, Souheila Yacoub.
Tous des oiseaux * * * *
Théâtre National de la Colline, 15 rue Malte Brun, Paris 20e. Tél. 01 44 62 52 52. www.colline.fr Du 31 mai au 25 juin. Spectacle surtitré.
(publié sur lejdd.fr le 23 février 2018)