L’Impresario de Smyrne

Laurent Pelly met en scène ces scènes de la vie d’opéra vues par Carlo Goldoni

Si l’on connaît l’auteur de théâtre, par ailleurs réformateur de la comédie italienne, on connaît moins le Goldoni auteur de livrets d’opéras, pour les musiciens de son époque, Vivaldi, Scarlatti et autres. C’est la matière de cet Impresario de Smyrne, pièce mineure de son répertoire, peu souvent représentée, qui connut une heure de gloire avec la mise en scène de Luchino Visconti en 1958. Carlo Goldoni montre ici l’envers du décor, les petites bassesses des artistes avides d’obtenir un contrat, les rivalités entre divas, les mesquineries et les ridicules des uns et des autres. La scène se passe à Venise, au lendemain du carnaval. Le bruit court qu’un riche marchand turc recherche des artistes pour former une troupe et la ramener à Instanbul. Il va rencontrer successivement Lucrezia, une jeune chanteuse florentine ne connaissant « pas grand-chose » à la musique, Tognina, une soprano vénitienne expérimentée et son ami ténor, Carluccio, un castrat, Annina, une chanteuse bolognaise, Maccaro, un poète, tous en quête d’un engagement. D’art, il n’est guère question.

Des extraits de musique

Agathe Mélinand, qui a traduit et adapté le texte écrit en 1759, a choisi d’y associer Le Théâtre comique, daté de 1750. Le plateau est en pente, le cadre de scène incliné (scénographie de Laurent Pelly et Matthieu Delcour), tout semble aller à vau-l’eau dans ce petit monde réduit à des caricatures. Les interprètes, en costumes noirs et visages fardés de blanc, s’agitent tels des papillons affolés, forçant leur jeu comme pour donner une certaine consistance à l’intrigue anecdotique et trop mince. Manque de légèreté dans le jeu et l’action, personnages sans finesse ni véritable épaisseur, la comédie au dénouement attendu tourne le plus souvent à vide. Trois instrumentistes (clavecin, violon et violoncelle) de l’ensemble baroque Masques dirigé par Olivier Fortin jouent en fond de scène, les chanteurs et chanteuses de la comédie donnent de la voix dans de courts extraits d’airs d’opéra. Ainsi l’on peut entendre Julie Mossay, Damien Bigourdan et Natalie Dessay, très atendue. Mais ces instants là paraissent bien courts.

L’Impresario de Smyrne       *

Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 2-4 square de l’Opéra Louis-Jouvet, Paris 9e. Tél. 01 53 05 19 19. www.athenee-theatre.com Jusqu’au 5 mai. Théâtre de Caen, du 22 au 24 mai.

(photo Dominique Breda)