En addicto

En addicto

A l’initiative du Festival d’automne, Thomas Quillardet est allé au sein d’un hôpital à la rencontre de patients en addictologie

Sur le plateau de la salle de la Coupole du Théâtre de la Ville, Thomas Quillardet, assis sur une chaise, attend le public. « Bonjour tout le monde…» Déjà, il est ailleurs, et nous aussi, en compagnie de patients venus assister à un groupe de parole, au sein d’un service d’addictologie d’un hôpital francilien. La voix est neutre, le ton bienveillant, suscitant l’écoute. Il les convoque tous : Marie-Solène, Françoise, Shinzo et les autres, les ramène en pleine lumière. A intervalles réguliers, il rappelle les règles du groupe de parole : l’absence de jugement, la confidentialité. Les questions sont directes : « Combien vous buvez ? » Car l’addiction est une maladie, qui conduit à la perte de contrôle. Durant sa résidence immersive de six mois, le metteur en scène a recueilli les témoignages, proposé la participation à des ateliers, avec pour objectif tout simplement l’acceptation et la considération de l’autre.

Du théâtre témoignage

A partir de la matière brute recueillie au cours des différents échanges avec les patients et le staff médical, Quillardet a construit un spectacle en forme de portrait sonore qui brasse et met sur un même plan, dans un va-et-vient permanent, les malades, les soignants, les encadrants, avec l’humain comme seul fil conducteur. Porté par un subtil travail sur le rythme, le kaléidoscope des voix devient une polyphonie humaine singulière et attachante. Sentiment de solitude, syndrome d’abandon, chaque addiction, qu’elle soit à l’alcool, à la drogue, ou au sexe, serait là pour combler un manque. Sans effets, sans récits sensationnels ni imitations racoleuses, en adresse frontale au public, Thomas Quillardet, avec une grande simplicité, une belle maîtrise et une infinie pudeur, invite les spectateurs à la rencontre de ses personnages. « C’est une drôle de chose que la vie ». Oui, et En addicto s‘en fait l’écho.

En addicto                             * * *

Théâtre de la Ville – Sarah Bernhardt, 2 place du Châtelet, Paris 4e. Tél. 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com Jusqu’au 28 octobre. Tournée : Théâtre Jacques Carat, Cachan, 15 et 16 novembre, Le Trident, Cherbourg, les 7 et 8 décembre, La Rose des vents, Villeneuve d’Ascq, du 24 au 26 janvier 2024, Théâtre de l’Aquarium, du 8 au 10 mars, Saint-Quentin-en-Yvelines du 2 au 5 avril, Angoulême, du 9 au 11 avril.

(photo Mélina Vernant)