Cole Porter in Paris

Au Théâtre du Châtelet, un spectacle musical retrace les années parisiennes de Cole Porter

Ce sont les années d’après Guerre, celles dites « folles » qui verront une frénésie s’emparer des milieux artistiques et de nouvelles tendances se dessiner, dont l’avènement du jazz, importé par les Américains. Et ils sont nombreux parmi les artistes et intellectuels d’outre Atlantique à être attirés par la capitale. Comme Cole Porter. Né en 1891 dans une famille aisée, Cole Porter apprend le piano et aussi le français. Quand il a 18 ans, son grand-père lui offre un voyage en France. Séduit par le pays, il y reviendra à la fin de la première guerre. Un vent de liberté souffle alors sur la capitale. Côté musique, il a vite fait de troquer ses cours avec Vincent d’Indy à la Schola Cantorum contre la fréquentation des cabarets de Pigalle et des caf’conc’. Après son mariage avec Linda Lee Thomas, une riche divorcée, commence une existence de faste et de plaisirs, où il côtoie les célébrités artistiques du moment et l’époque n’en manque pas ! Le couple Cole Porter et Linda Lee, surnommés Les Colporteurs, mène une vie mondaine, les nombreuses festivités n’empêchant pas la création musicale.

Un Américain à Paris

Sa vie l’inspire et il la met dans ses chansons : Boulevard Break, You don’t know Paris, Pilot me, I’m in love again, You’re the top, Who said gay Paree,… des grands tubes comme I love Paris, jusqu’à Take me back to Manhattan quand l’envie du retour se fait sentir. Parmi la trentaine de titres interprétés sur la scène du Châtelet, un seul n’est pas de Porter : The man I love, joué par Gershwin lors de son séjour à Paris en 1928. Le spectacle mis en scène par Christophe Mirambeau, également dialoguiste, est élégant, coloré, chic, enlevé et soigné. Il enchaine les séquences mettant en relief l’inventivité de ces roaring twenties, comme les dénommaient les Américains, et ménage subtilement les effets visuels, souvent drolatiques. La scénographie de Casilda Desazars met en relief l’évolution de ces années de création artistique (music-hall, décoration, arts graphiques,…) à travers les décors, les costumes, ou encore l’évocation des Ballets Russes ou Suédois. Pour incarner Cole Porter, trois chanteurs, Yoni Amar, Richard Delestre et Matthieu Michard ,interprètent les différentes facettes du personnage tandis que Léovanie Raud, Marion Tassou et Marlène Duval prêtent leurs belles voix aux personnages féminins. Au deuxième plan sur la scène, l’orchestre des Frivolités parisiennes joue impeccablement et sans temps mort les nouvelles orchestrations des textes de Porter et la chorégraphie de Caroline Roëlands est parfaitement assurée par l’ensemble des danseurs et danseuses. Une revue musicale très séduisante.

Cole Porter in Paris * * *

Théâtre du Châtelet, Place du Châtelet, Paris 1er. Tél. 01 40 28 28 28. www.chatelet.com Jusqu’au 1er janvier 2022. En français et anglais surtitré.

(Photo Thomas Amouroux)